La compagnie aérienne low cost easyJet menace Airbus et Boeing d’abandonner toute idée de commande d’A320neo ou 737 MAX si les deux constructeurs ne font pas des propositions financières « satisfaisantes ». Lors de l’inauguration de la nouvelle liaison entre Londres et Moscou le 18 mars 2013, la patronne de la spécialiste britannique du vol pas cher a rappelé qu’elle était « en position de force dans les négociations » avec Airbus et Boeing. « Nous avons une flotte jeune et ne sommes pas obligés de trouver un accord si les termes ne sont pas exactement ce que nous voulons », a expliqué Carolyn McCall, d’autant qu’elle dispose d’un arrangement avec le constructeur européen qui lui permet d’acheter plus d’A320ceo jusqu’à 2018. Après cette date, « de nouveaux appareils seront disponibles sur le marché, et nous pourrions donc aller voir au-delà des A320neo et 737 MAX », a-t-elle souligné. Si le principe d’une flotte mono-marque devrait être conservé, easyJet n’écarte pas la possibilité d’un passage au tout Boeing, ce dernier étant alors obligé de payer les coûts supplémentaires de transition pendant que la low cost opère deux types d’avions - ce que Mme McCall appelle le « pont ». Pour le constructeur américain, « tout tiendra à ce qu’ils peuvent proposer et comment ils vont gérer » cette période, précise-t-elle avant de souligner que le canadien Bombardier reste en course pour des avions plus petits (rappelons que la nouvelle version du CS300 pourra emporter autant de passagers qu’un A319). Fin décembre, easyJet opérait 157 A319 et 56 A320 avec une vingtaine d’appareils en attente de livraison. L’évaluation technique des A320neo et 737 MAX est terminée, mais le côté financier d’une éventuelle commande géante n’est pas le seul problème pour la low cost. Les actionnaires doivent aussi être convaincus, dont le fondateur Sir Stelios Haji-Ioannou (environ 37% des actions avec sa famille) qui est farouchement opposé à tout nouvel achat massif : il déclarait en janvier qu’easyJet devait arrêter de « gaspiller notre argent » dans de nouveaux avions, ce qui « foutrait en l’air » le succès financier de la low cost… Cela dit, Airbus comme Boeing ne sont pas en manque de commandes, après avoir signé ces derniers jours des contrats pour 316 appareils de la famille A320 pour le premier (Lion Air et Turkish Airlines, en attendant la confirmation de cent supplémentaires pour Lufthansa), et une promesse d’achat pour 175 737-800 de la part de Ryanair pour le second…