Un quotidien marocain accuse la conception de l’aéroport de Casablanca, avec ses deux pistes parallèles et son taxiway, d’être à l’origine d’au moins cinq incidents ces dernières années dont un grave, celui d’un vol de la compagnie aérienne Air France en 2011. Selon Le Soir du 9 avril 2013, l’Office National des Aéroports a entamé un « plan d’action pour minimiser les risques » à l’aéroport Mohamed V, mais la direction générale de l’aviation civile du Maroc estime que l’ONDA doit « fournir plus d’efforts en dressant une étude de sécurité approfondie sur ce sujet ». Le quotidien explique que les deux pistes parallèles présentent un risque de confusion pour les pilotes, comme dans le cas du 8 août 2011 quand un Airbus A319 d’Air France arrivant de Paris – CDG (vol AF1896) avait atterri à vue sur la piste 35R au lieu de la 35L indiquée par la tour de contrôle. Sans catastrophe à la clé, la piste n’étant heureusement occupée par aucun autre avion à ce moment. Citant un rapport officiel de la DGAC marocaine pour étayer ses accusations, le journal raconte qu’il s’est avéré que « ni l’équipage de conduite, ni le contrôleur de la circulation aérienne ne se sont rendus compte que l’atterrissage a eu lieu sur la 35R (réservée au décollage) au lieu de la 35L », alors que le temps était peu nuageux avec une visibilité supérieure à 10 kilomètres. Pour la DGAC, il « convient de noter que la fréquence de cet élément indésirable de la sécurité aérienne pourrait conduire effectivement à un élément ultime dans la chaîne causale des accidents d’aviation civile visé par l’annexe 13 de l’OACI » : en clair, continuez comme ça et l’accident est inévitable. Or deux ans plus tard, la DGAC « furieuse » selon Le Soir n’a toujours pas reçu l’étude globale demandée à l’ONDA sur le problème. Selon le chef du BEA local Mbarek El Fakir interrogé par le quotidien, l’office a bien mis en place « plusieurs mesures non négligeables en faveur d’une diminution de ce risque, mais elles restent ponctuelles et de dernière minute ». De nouveaux marquages au sol ont été peints, l’approche à vue a été bannie au profit de celle aux instruments et les pilotes sont mieux informés du risque de confusion. Des mesures « louables mais insuffisantes » selon Najib El Ibrahimi, représentant de l’association marocaine des pilotes de ligne (AMPL). Avant Air France, des appareils de Royal Air Maroc avait atterri sur le taxiway en 2003 et en 2010, un avion de Jetairfly avait failli en faire de même en 2009, et un appareil de Turkish Airlines s’était posé sur la mauvaise piste en 2010. Le quotidien souligne toutefois qu’aucun incident n’est à déplorer depuis le début de l’année…