Après l’annonce hier par la compagnie aérienne Air France d’un nouveau sureffectif estimé à 2800 postes, qui feront l’objet d’un plan de départs volontaires en 2014, la CGT s’est déclarée « inquiète et en colère » tandis que le SNPL affichait sa prudence en attendant plus de précisions. Si les détails de ces mesures « Transform 2 » présentées le 18 septembre 2013 par le nouveau PDG Frédéric Gagey ne seront précisés que le 4 octobre prochain, les grandes lignes correspondent à ce qui était attendu : le plan de restructuration Transform 2015 n’a pas rempli les objectifs attendus, aux 5122 postes déjà supprimés seront ajoutés environ 2800 supplémentaires, la low cost Transavia verra son rôle renforcé, l’activité des bases de provinces sera revue à la baisse (surtout Marseille), des lignes point-à-point seront supprimées et l’activité fret sera restructurée. Des mesures nécessaires puisqu’Air France sera en déficit pour la sixième année consécutive, a expliqué le PDG avant de promettre qu’il « n’y aura pas de Transform 3 ». La CGT Air France a immédiatement réagi, son porte-parole David Ricatte déclarant que ce deuxième volet du plan social « ne correspond pas aux défis posés : lutter contre une concurrence déloyale, avec d’un côté des low cost qui font du dumping social, dont certaines comme Ryanair touchent des subventions publiques des régions françaises et de l’autre, sur le long-courrier, des compagnies du Sud-est asiatique ou du Golfe subventionnées par leurs états ou émirats respectifs ». « On est inquiet et en colère », ajoute-t-il, et en particulier contre l’Etat à qui elle demande de « jouer son rôle en tant qu’actionnaire du groupe à hauteur de 15,9% ». Mais il n’épargne pas la direction de la compagnie, dont il conteste les chiffres sur les bases de provinces, affirmant qu’un audit a démontré que celle de l’aéroport de Marseille est « bénéficiaire à hauteur de 75 millions d’euros » Le SNPL Air France ALPA parle de son côté de prudence en attendant le CE du 4 octobre, et espère « la définition d’une structure de coûts plus cohérente ainsi que sur un plan commercial innovant capables de s’attaquer aux marchés convoités ». Son président Jean-Louis Barber déclarant que la compagnie « se doit désormais, non pas d’axer sa stratégie sur une suite de réductions d’activités, mais de rattraper son retard dans la construction de sa riposte sur le court/moyen-courrier, sans lequel l’avenir de la compagnie toute entière est mis en danger. » Le syndicat sera « d’autant plus attentif à la mise en œuvre de ce virage stratégique que ses concurrents directs, Lufthansa et IAG, investissent massivement dans Germanwings et Vueling. L’ambition de ces montées en puissance étant de conquérir le marché moyen-courrier point à point low cost européen ». Rappelons que le SNPNC représentants des hôtesses de l’air et stewards n’a pas attendu le CE d’hier pour réagir : il a appelé ses adhérents à une grève de cinq jours reconductibles à partir du 20 novembre prochain. Et selon le Syndicat des Pilotes d'Air France (SPAF), il n'y a aucune stratégie industrielle et commerciale crédible dans ce plan Transform 2015. «On ne gagne pas d'argent en se repliant et en fermant des lignes aériennes, stratégie contraire à nos principaux concurrents bénéficiaires. Le SPAF attend un projet ambitieux pour Air France, dont il nous appartient, en tant que syndicat représentatif, de négocier les modalités afin de défendre nos emplois et nos conditions de travail», a déclaré le président du SPAF, Fabrice Cueille.