Les contrôleurs aériens européens ont levé leur préavis de grève pour jeudi prochain, la Commission Européenne ayant accepté de renégocier avec eux le projet de libéralisation de l’espace aérien. Annoncé mi-septembre par les syndicats rassemblés sous l’ombrelle de l’ATCEUC, qui représente environ 14 000 contrôleurs, le préavis de grève menaçait de créer le chaos dans le trafic aérien du vieux continent, entrainant l’annulation ou la perturbation de milliers de vols, y compris les vols internationaux empruntant l’espace aérien européen. Comme lors du précédent mouvement social en juin dernier, la colère des aiguilleurs du ciel n’a pas changé se focalise contre le projet de ciel unique lancé par la Commission Européenne, qui veut centraliser le contrôle aérien plutôt que d’en laisser la responsabilité aux Etats. Un projet qui selon l’ATCEUC pourrait entrainer 10 000 suppressions de postes et compromettre la sécurité de l’espace aérien, l’objectif étant selon lui de « décupler la sécurité aérienne d’ici 2019 en divisant les coûts par deux ». Mais si la grève n’aura donc pas lieu jeudi prochain, l’ATCEUC prévient déjà que le ton conciliant de la Commission ne suffira pas, seuls des résultats concrets l’empêcheront de déposer un nouveau préavis. L’argument de la Commission en faveur du ciel unique est connu : la fragmentation du contrôle aérien européen ajoute inutilement près de 42 kilomètres à chaque vol, forçant les avions à consommer plus de carburant et produire plus de gaz à effets de serre. Si on ajoute les retards engendrés, les déficiences du contrôle aérien sur le vieux continent coûteraient cinq milliards d’euros par an aux compagnies aériennes - et aux passagers. Le commissaire européen aux transports Siim Kallas avait rappelé ces chiffres le mois dernier aux ministres des transports qui réclamaient une pause en juin (particulièrement le Français et l’Allemand).