Voilà une compagnie aérienne française qui se porte bien. C'est déjà assez suffisamment rare pour la citer : à l’occasion de l’anniversaire de ses dix ans de vols transatlantiques, Jean-Paul Dubreuil, fondateur et président du conseil de surveillance d’Air Caraïbes, a annoncé la commande de six Airbus A350, le premier livrable en décembre 2016, ce qui ferait d’elle la première compagnie aérienne française à exploiter des Airbus A350 (avant Air France). La plus grosse commande jamais réalisée par Air Caraïbes doit être signée aujourd’hui. Elle comporte deux volets. Trois Airbus A350-1000, configurés en 3 classes (Madras, Caraïbes et Soleil) pour 439 sièges, seront acquis en plein propriété directement auprès d’Airbus avec livraison du 1er modèle à l’horizon 2020. Dans un même temps, trois A350-900 configurés en tri-classes pour 387 passagers seront acquis en location auprès d’ ILFC avec livraison du 1er exemplaire en décembre 2016. La flotte long-courrier d’Air Caraïbes va donc passer de 5 à 6 appareils à partir de fin 2016, la compagnie spécialiste de la desserte Caraïbes retirant progressivement ses plus anciens modèles, à commencer par l’A330-200 qu’elle devrait lors d'une phase transitoire faire légèrement monter en gamme grâce à une cabine améliorée. Grâce à cette commande historique, la capacité sièges d’Air Caraïbes, sera mécaniquement augmentée de 40 %. « Une nouvelle génération d’avions est en train d’arriver avec l’A350 ou le 787, a révélé Jean-Paul Dubreuil lors d’une conférence de presse à Paris mercredi 11 décembre. Or, ces avions plus économes en carburant sont aujourd’hui la clé pour conquérir des parts de marché. » Le poste carburant représente aujourd’hui 35 % des coûts opérationnels d’Air Caraïbes et l’A350 promet 25 % d’économies carburant au siège grâce aux performances des moteurs Rolls Royce. « Cette commande d’A350 est un choix fondamental pour notre avenir. Nous avons choisi l’A350 d’abord parce que nous travaillons depuis cinq ans avec Airbus et que leurs choix ont été à la fois innovants et conservateurs », a poursuivi le PDG du groupe Dubreuil, allusion à Boeing qui collectionne les déboires avec son B787 et ses fameuses batteries au ion-lithium. Avec le renforcement de ces capacités, Air Caraïbes, aujourd’hui deuxième compagnie aérienne en trafic passagers derrière Air France avec 28 % de parts de marché (44 % pour Air France, 21 % pour Corsair International et 8 % pour XL Airways, nouvelle venue sur ce segment Caraïbes) espère renforcer sa présence avec 30 % de parts de marché d’ici 5 ans à condition que le trafic global augmente de 6 %, ce qui a par exemple été le cas ces derniers mois avec l’arrivée d’XL Airways. Autre avantage, le fret, qui représente une part non négligeable des revenus d’Air Caraïbes sera multiplié par deux sur les nouveaux avions (passant de 7 à 15 tonnes), renforçant la rentabilité financière de cet avion. Les dirigeants d’Air Caraïbes ont de même annoncé le report de l’arrivée de l’ATR 72-600 en 2014, faute d’avoir pu obtenir une défiscalisation. Sa flotte court-courrier comporte aujourd’hui 3 ATR 72-500. Air Caraïbes a pourtant tout de celle qui réussit ! Celle qui fête aujourd’hui le dixième anniversaire de ses vols long-courrier a obtenu en 2013 (résultat prévisionnel) un taux d’occupation record de 84 %. Son chiffre d’affaires en hausse devrait s’élever autour de 351 millions d’euros pour 1 200 000 passagers transportés sur l’ensemble de son réseau, 840 000 sur son réseau transatlantique entre les Caraïbes et la métropole, un réseau de niche qui lui suffit, dit-elle. « Dans un environnement difficile où beaucoup d’entreprises perdent de l’argent, nous serons encore bénéficiaire cette année », dévoile sans surprise son fondateur.