L’Autorité de l’aviation civile britannique CAA a rendu son verdict sur les taxes pratiquées par les trois principaux aéroports de Londres, imposant une baisse dans le premier aéroport européen Heathrow et laissant Gatwick établir les siennes sous surveillance, tandis que Stansted reste libre de ses arbitrages. Le gestionnaire de l’aéroport d’Heathrow a sans surprise crié au meurtre en apprenant que les augmentations des taxes imposées aux compagnies aériennes seront limités entre avril 2014 et avril 2019 à 1,5% en-dessous du taux d’inflation officiel, alors qu’il réclamait près de 6% d’augmentation au-dessus de ce taux. Parlant de « limitations draconiennes », le PDG Colin Matthews a déclaré que la décision de la CAA entrainera une remise en cause du plan d’investissement de l’aéroport, alors qu’il veut « continuer à améliorer les services aux passagers ». La taxe par passager passera en effet de 20,71 à 19,10 livres sterling en 2018-2019, justifie-t-il, ce qui l’obligera une économie de 600 millions et une hausse des revenus commerciaux de 100 millions – et ne laissera plus d’argent pour gérer les crises. British Airways avait été à la pointe du combat pour baisser ces charges (qui sont parmi les plus chères au monde, et sont répercutées sur le prix du billet d’avion), mais Virgin Atlantic s’est déclarée déçue par la décision de la CAA, trouvant qu’elle n’allait pas assez loin « après un triplement des charges en dix ans ». Heathrow devra en outre tout, comme Gatwick, mettre en place un plan « robuste » de gestion de crise supervisé par la CAA, afin d’être mieux préparé à d’éventuelles perturbations de vol. En ce qui concerne Gatwick justement, la CAA a annoncé qu’il passera sous sa régulation en avril, afin de mieux protéger les passagers en cas de perturbations - comme celles de la veille de Noël, mais a accepté les propositions de l’aéroport (hausse de 1,6% en-dessous de l’inflation). De quoi satisfaire la low cost easyJet, même si elle affirme que l’expérience des voyageurs « sera améliorée si Gatwick peut baisser les charges et améliorer le service ». Stansted en revanche a été jugé trop petit pour que ses taxes soient régulées par la CAA : ce ne sera plus le cas en avril. Si easyJet laisse le bénéfice du doute à l’approche commerciale du nouvel opérateur Manchester Airport Group, Ryanair est furieuse, rappelant que Stansted avait doublé ses taxes en 2007, provoquant une chute de 27% du trafic aérien (« et le transfert de vols d’easyJet vers Southend »). La low cost « condamne la décision » de la CAA, un « nouvel exemple d’échec de la régulation qui touchera les consommateurs puisque Stansted pourra relever les taxes chaque fois qu’il le désire, sans référence à la compétitivité des prix ».