Un rapport de contre-expertise demandé par Airbus a été remis aux parties civiles, accusant les pilotes d’être les principaux responsables du crash du vol Air France 447 entre Rio de Janeiro et Paris, qui avait fait 228 morts en juin 2009. Cinq ans après l’accident, les débats ont été relancés le 13 mai 2014 suite aux conclusions rendues par cinq experts dans le cadre de l’instruction judiciaire pour homicide involontaire menée contre Airbus et Air France. Pas de nuances cette fois, contrairement au rapport du BEA qui décrivait un enchainement de circonstances (givrage des sondes Pitot de l’A330-200, désactivation du pilote automatique, mauvaise manœuvre des pilotes entrainant un décrochage qu’ils ne reconnaissent pas) dans lequel chaque partie avait des responsabilités. A en croire ce rapport remis par la juge Sylvia Zimmermann aux parties civiles (qui seront confrontées aux experts le 2 juillet prochain), l’équipage porte l’essentiel des responsabilités : selon Libération, ils ont estimé que « l’accident est dû à la perte de contrôle de l’avion suite à la réaction inappropriée de l’équipage après la perte momentanée des indications de vitesse », les investigations ayant « clairement établi la prédominance des facteurs humains dans les causes de l’accident. Nous avons aussi déterminé que l’accident aurait pu être évité, et ceci par quelques actions appropriées de l’équipage », écrivent les experts. Ils n’épargnent toutefois pas Air France, coupable d’un « retour d’expérience insuffisant » après des incidents similaires sur des sondes et d’une formation des pilotes elle aussi insuffisante pour gérer des informations de vitesse douteuses. Pas de commentaire officiel du côté d’Airbus ni d’Air France suite à cette « fuite », la compagnie aérienne dénonçant une « lecture simpliste » dans Libération, mais les familles de victimes et les syndicats de pilotes ont sans surprise crié au scandale : pour le porte-parole des familles brésiliennes par exemple, le rapport est « bidonné et caviardé en faveur d’Airbus » et porte « en germe a prochaine catastrophe ». La Fédération nationale des victimes d’accidents collectifs a préféré rappeler que cette contre-expertise « ne clôt pas du tout le débat judiciaire » sur la responsabilité d’Airbus et Air France.