Deux syndicats de contrôleurs aériens ont appelé à une grève de six jours à la veille des départs de vacances, les aéroports français et européens risquant de connaître alors un trafic très perturbé. Représentant plus de 73% des suffrages du contrôle aérien français, les syndicats SNCTA et UNSA-ICNA ont appelé à la grève du mardi 24 au dimanche 29 juin 2014 inclus, une période qui couvre donc le premier weekend de grands départs pour les vacances d’été. Ils entendent ainsi protester contre le plan européen de performance pour la période 2015-2019, qui vise à faire baisser les coûts des prestataires de contrôle aérien sur le vieux continent. Ils accusent la Commission européenne de vouloir baisser excessivement ces coûts, dans le cadre du projet Sesar de modification du ciel unique européen. Craignant la privatisation à terme de certains services annexes (météo ou maintenance), ils réclament des garanties sur l’emploi, les salaires et les retraites, ainsi qu’un taux unitaire de la « redevance en route » qui financerait le renouvellement des systèmes de gestion de trafic aérien. L’UNSA-ICNA (Union Nationale des Syndicats Autonomes - Ingénieurs du Contrôle de la Navigation Aérienne) explique dans son communiqué que « le passé récent nous a malheureusement souvent montré que les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Le temps des belles paroles ou des courriers dûment signés est révolu. Les ICNA exigent maintenant des engagements concrets : effectifs, organisation du travail, outils, conditions d’emploi, retraites, toutes ces composantes de notre activité, essentielles mais complètement écartées des négociations protocolaires, doivent être abordées. Le trafic reprend, les révolutions technologiques qui nous attendent vont bouleverser nos habitudes de travail et il est hors de question que la sécurité en pâtisse. Cette période 2015-2019 va être déterminante pour la DSNA qui doit rattraper son retard et se configurer pour affronter la suite. Elle s’est coupée de ses opérationnels, à nous maintenant, ICNA, de lui montrer qu’un autre avenir, réaliste et ambitieux, est possible ». Les deux syndicats seront reçus aujourd’hui et demain par le secrétaire d’état aux transports Frédéric Cuvillier, le gouvernement français ainsi que l’Allemagne s’étant de longue date opposés au projet européen dans sa forme actuelle. Selon Les Echos, la France a proposé « d’augmenter de 5 % le taux de redevance en route en 2015, puis de le stabiliser pour la période 2015-2019, ce qui rapporterait environ 110 millions d’euros supplémentaires », mais aussi de « réduire de 2 % la taxe de service de contrôle en zone terminale », ce qui au final ne laisserait que 4 millions d’euros à investir dans la mise à jour du contrôle aérien. Les inefficiences et l'actuelle congestion du trafic aérien en Europe, géré état par état, coûterait 5 milliards d'euros par an selon l'Union européenne ; le projet Sesar prévoit la baisse des coûts du contrôle aérien en le centralisant, avec un objectif d’une réduction à hauteur de 20 % en 4 ans, afin de permettre au contrôle aérien de faire face au doublement annoncé du trafic aérien en Europe d’ici 2030. Lors d’une grève pour des raisons similaires en janvier dernier, menée par d’autres syndicats, 20% des vols court- et moyen-courriers avaient été annulés par les compagnies aériennes principalement dans les trois aéroports parisiens (CDG, Orly et Beauvais). Le SNCTA avait lui suspendu son appel à quatre jours de débrayages après avoir reçu des engagements écrits du ministère.