Si la conjoncture a permis à la compagnie aérienne Air France-KLM de dégager d’excellents résultats au troisième trimestre, les groupes rivaux Lufthansa et IAG ont fait bien mieux. Trafic en forte hausse et prix du carburant toujours aussi bas avaient permis la semaine dernière à Air France-KLM d’afficher un bénéfice d’exploitation atteignant un record historique et un bénéfice net de 480 millions d’euros au troisième trimestre, des résultats jugés toutefois insuffisants par son PDG Alexandre de Juniac. La comparaison avec les deux autres poids lourds européens, qui ont bénéficié de la même conjoncture, semblent lui avoir donné raison. Chez Lufthansa tout d’abord, le bénéfice net trimestriel a bondi de +41,5%, à 794 millions d’euros, et le chiffre d’affaires a gagné +5,7%, à presque 9 milliards d’euros (7,4 milliards chez AF-KLM, en recul de -2,4% en tenant compte de la grève des pilotes d’Air France et à taux de change constant ; +4,2% hors grève). Son bénéfice net sur les neuf premiers mois de l’année est à 1,75 milliards d’euros – soit ses prévisions pour l’année 2015 entière et quatre fois plus qu’à la même période en 2014. Le groupe Lufthansa a donc revu à la hausse ses prévisions pour 2015, tout comme IAG qui regroupe British Airways, Iberia, Vueling et désormais Aer Lingus. Le groupe a dégagé au troisième trimestre un bénéfice net de 848 millions d'euros, et sur les neuf premiers mois de l’année ce même bénéfice net a gagné +70% à 1,18 milliard d'euros sur un chiffre d'affaires en hausse de +13% à 17,12 milliards d'euros. Si Air France-KLM n’avait jubilé à l’annonce de ses résultats, c’est que la baisse des coûts est inférieure aux espérances : son objectif de baisse du coût unitaire sur l’année 2015 est désormais entre 0,5% et 0,7% (contre 1% à 1,3% précédemment). Pas de quoi entamer vraiment l’écart de compétitivité actuel avec Lufthansa (environ 6% selon La Tribune), IAG (environ 19%) et bien sûr les low cost ou les compagnies du Golfe (50%). Et la perspective d’un bénéfice annuel pour le groupe franco-néerlandais risque de freiner encore un peu plus les tentatives de réformes au sein d’Air France, où la reprise de négociations formelles sur le Plan B de Perform 2020 se fait toujours attendre.