Le gouvernement canadien a annoncé l’octroi de 372,5 millions de dollars à l’avionneur Bombardier sous la forme de contributions remboursables, une aide qualifiée d’importante « pour consolider le leadership en aérospatiale ». Les fonds versés pour quatre ans permettront de financer les activités de recherche-développement liées à l’avion d’affaires Global 7000 ainsi que les activités continues menées pour la mise au point des CSeries, a précisé le constructeur dans un communiqué du 7 février 2017. Cet argent soutiendra également « des milliers d’emplois de haut calibre pour la classe moyenne, tout en accroissant la compétitivité à long terme de Bombardier et en aidant l’entreprise à construire les avions de demain ». Le gouvernement par ce geste investit aussi dans « des centaines de fournisseurs » dans l’ensemble du Canada : Bombardier est la plus importante entreprise canadienne de l’aérospatiale, et sa chaîne d’approvisionnement nationale compte des milliers de travailleurs dans les domaines de la conception, de l’ingénierie et de la fabrication. L’avionneur explique que la contribution remboursable en appui au programme Global 7000 sera effectuée par l’entremise de l’Initiative stratégique pour l’aérospatiale et la défense (ISAD). Ce programme soutient des activités de recherche-développement définies qui aident les entreprises de l’aérospatiale et de la défense à mettre au point de nouvelles technologies. Un autre volet de l’investissement sera effectué au titre des accords de contribution déjà conclus entre le gouvernement et Bombardier : il appuiera les activités continues entourant le développement de la gamme CSeries, qui constitue « un exemple d’innovation et de technologies vertes canadiennes, représentant l’avenir de l’industrie de l’aérospatiale ». Selon le PDG de Bombardier Alain Bellemare, « le partenariat continu avec le gouvernement du Canada est le bienvenu. Les contributions remboursables annoncées aujourd’hui contribueront à faire en sorte que le pays demeure au cœur des activités de recherche-développement de Bombardier, qui ont pour objet la mise au point des avions les plus efficaces, fiables et écologiques au monde. Notre entreprise livre concurrence sur la scène mondiale, mais elle est fière d’être établie au Canada, de sa longue histoire au pays et de se trouver au rang des principaux fabricants de haute technologie et employeurs canadiens ». Pour le gouvernement, l’aide financière est nécessaire « pour que le Canada demeure un chef de file mondial dans le secteur de l’aérospatiale », une des industries les plus novatrices du pays : elle représente plus de 211.000 emplois qualifiés et quelque 28 milliards de dollars ; près de 80% de la production était exportée en 2015. Le Canada pourra ainsi profiter d’une industrie de l’aérospatiale « forte, stable et concurrentielle », ajoute le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique Navdeep Bains. Rappelons qu’en mai 2005, le gouvernement du Canada avait annoncé son premier appui au programme CSeries, sous la forme d’une contribution remboursable de 350 millions de dollars. Et le 11 octobre 2016, il y avait ajouté un investissement pouvant atteindre 54 millions de dollars au titre du Programme de démonstration de technologies pour appuyer un consortium dirigé par Bombardier. Le consortium mettra au point des systèmes électriques de pointe et des systèmes aérodynamiques avancés « qui rendront les avions de l’avenir plus éco-énergétiques, plus fiables et plus silencieux ». Rappelons que de son côté le gouvernement provincial du Québec avait annoncé en novembre dernier un investissement d’un milliard de dollars dans une société en commandite (SEC) dans laquelle Bombardier est majoritaire, afin de l’aider à poursuivre les activités de conception, de fabrication et de commercialisation des CS100 et CS300. Sans surprise et en plus de son action de décembre, le concurrent brésilien Embraer a immédiatement annoncé le dépôt d’une plainte devant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), visant particulièrement les CSeries. Pour Embraer, « les subventions canadiennes affectent artificiellement les conditions de la compétitivité internationale du secteur ». Bombardier défend la légalité de ces aides remboursables, à l’instar de ce qu’avait fait Airbus contre Boeing devant la même OMC. Le Parti Québécois a de son côté déploré l’insuffisance du montant de l’aide alors qu’un milliard de dollars étaient espérés par l’avionneur, surtout quand l’industrie automobile avait reçu dix milliards d’aides après la crise de 2008 – mais c’était en Ontario…