L’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) a de nouveau averti des dangers d’incendie en soute représentés par les batteries au lithium des appareils électroniques, sans citer les mesures d’interdiction en cabine prises par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. La compagnie aérienne Emirates Airlines, directement affectée, prête désormais des tablettes aux passagers de Première et de classe Affaires. Le bulletin d’information SIB 2017-04 publié le 5 avril 2017 par l’AESA n’évoque pas directement les mesures prises fin mars par Washington et Londres, interdisant en cabine les appareils électroniques plus grands qu’un téléphone portable sur les vols directs en provenance de pays majoritairement musulmans. Mais elle rappelle que ces laptops, tablettes et autres liseuses (PEDs en anglais) contenant des batteries au lithium portées par les passagers « devraient de préférence » être transporté dans la cabine, sur la personne ou dans les bagages à main, afin de permettre à l'équipage de « réagir promptement » dans le cas où un incident impliquant un tel appareil se produit (en particulier l’incendie de cette batterie). Car lorsque le transport des PEDs dans la cabine est interdit, cela « entraînera une augmentation significative de leur nombre » en soute, avec les bagages enregistrés. Un problème qui doit être pris en compte « dans le cadre du processus d'évaluation des risques de sécurité de l'opérateur » et nécessite des « précautions appropriées » afin d’atténuer les risques associés tels que le feu. L'AESA recommande donc aux compagnies aériennes d'informer les passagers que les PEDs placés dans les bagages enregistrés « doivent être complètement désactivés, et protégés efficacement d’une activation accidentelle ». Et pour s'assurer que l'appareil se s’allume jamais pendant le transport, l’agence ajoute que  « toute application, alarme ou configuration prédéfinie » qui pourrait l’allumer soit désactivée. Ce bon sens « n’est qu’une information », souligne l’AESA, ces recommandations n’étant « pas obligatoires ». Mais l’agence ajoute aussi des instructions supplémentaires aux compagnies aériennes pratiquant la collecte des PEDs à l’embarquement : les appareils électroniques doivent être « dispersés dans la soute », et non rassemblés dans un seul rangement. Et elle rappelle que l’OACI interdit déjà le transport en soute des piles de rechange, des cigarettes électroniques et autres vaporisateurs ; s’ils sont aussi interdit en cabine par une nouvelle règlementation, les compagnies devront prévenir les passagers que leur transport sera tout bonnement impossible. Rappelons que la mesure confirmée le 21 mars 2017 par Washington concerne neuf compagnies aériennes : Egyptair, Emirates Airlines, Etihad Airways, Kuwait Airways, Qatar Airways, Royal Air Maroc, Royal Jordanian Airlines, Saudia et Turkish Airlines, et tous les vols directs en provenance de dix aéroports : Abou Dhabi, Amman, Le Caire, Casablanca, Djeddah, Doha, Dubaï, Istanbul, le Koweït et Ryad. La mesure similaire adoptée par Londres ne concerne que six pays, la Turquie, l’Egypte, la Jordanie et l’Arabie Saoudite comme aux USA, mais aussi la Tunisie et le Liban, ce qui affecte les opérations de quatorze compagnies  aériennes : British Airways, easyJet, Jet2.com, Monarch Airlines, Thomas Cook Airlines, Thomson Airways et depuis l’étranger Turkish Airlines, Pegasus Airlines, AtlasGlobal Airlines, Middle East Airlines, Egyptair, Royal Jordanian Airlines, Tunisair et Saudia. Aucun des deux pays n’a expliqué pourquoi le transport des PEDs en soute était plus sûr qu’en cabine. L’une des compagnies touchées aux Etats-Unis est Emirates Airlines, qui y dessert douze aéroports en direct (New York-JFK, Newark, Boston, Chicago, Dallas, Fort Lauderdale, Houston, Los Angeles, Orlando, San Francisco, Seattle et Washington). Elle propose donc depuis mercredi un nouveau service à ses passagers de Première Classe et Classe Affaires : ils pourront profiter de tablettes de prêt pendant toute la durée de leur vol. Les Microsoft Surface sont équipées d’Office 2016, et d’un port USB « pour conserver ses données et poursuivre son travail en toute fluidité ». Ce service est disponible gratuitement sur tous les vols directs au départ de Dubaï vers les destinations américaines. Emirates Airlines rappelle au passage qu’elle propose déjà un service gratuit de prise en charge des ordinateurs portables et tablettes, afin que les passagers qui le souhaitent puissent profiter de leurs appareils personnels jusqu’aux derniers instants avant leur vol. Ce service est proposé à tous les passagers, quelle que soit la classe dans laquelle ils voyagent, depuis l’entrée en vigueur de la directive TSA le 25 mars dernier. Il permet aux clients de la compagnie d’utiliser leurs appareils électroniques jusqu’au dernier moment, avant de monter dans l’avion vers les États-Unis. Les passagers doivent déclarer les appareils électroniques concernés par la restriction et les confier aux agents de sécurité de la compagnie avant leur embarquement. Les appareils sont étiquetés au nom des passagers et stockés dans l’avion, afin qu’ils soient restitués à l’arrivée aux États-Unis. Selon son communiqué, « près de 8000 passagers sur les 112 vols directs hebdomadaires entre Dubaï et les Etats-Unis » ont déjà profité de ce service de prise en charge des ordinateurs portables et tablettes ; elle a reçu des retours positifs de ses clients, et remarque que ce service est utilisé « dans les mêmes proportions par les passagers de Classe Économique, Classe Affaires et Première Classe ». Les passagers d’Emirates Airlines peuvent rester connectés pendant leur vol grâce à un accès à internet, une connexion au réseau mobile, la mise à disposition d’un téléphone fixe incluant l’envoi de SMS et la télévision en direct sur la plupart des vols. Elle rappelle que les vols vers les Etats-Unis opérés via Milan (EK205) et Athènes (EK209) ne sont pas concernés par la directive TSA, tout comme les vols au départ des États-Unis et tous les vols d’Emirates vers et depuis tout autre destination.