Les trois principaux syndicats de pilotes, le SNPL, le SPAF et Alter ont déposé un préavis de grève conjoint appelant les pilotes de la compagnie aérienne Air France à cesser le travail jeudi prochain, pour protester contre le débarquement d’un commandant de bord qui refusait d’effectuer un vol entre Orly avec une « composition d’équipage dégradée ».

Selon le communiqué envoyé par le Syndicat national des pilotes de lignes ce 4 janvier 2018, l’ensemble des syndicats pilotes appelleront les pilotes à cesser le travail le 11 janvier, soit dans une semaine exactement, afin de protester contre « cet acte extrêmement grave qui conteste aux commandants de bord Air France leur capacité à maintenir un haut niveau de sécurité à bord ». L’incident tel que raconté par le SNPL s’est déroulé mardi à l’aéroport de Paris-Orly, quand Air France a procédé au « débarquement, c’est à dire au remplacement contre son gré, de l’un de ses commandants de bord dont la décision, pourtant prise dans le respect des procédures, ne lui convenait pas. Ce commandant, également instructeur, réputé pour ses qualités professionnelles et respecté de tous, refusait pour des raisons de sécurité d’effectuer un vol au départ d’Orly avec une composition équipage dégradée, ne répondant pas pleinement à la réglementation en vigueur et au manuel d’exploitation de la compagnie ». Pire encore selon le SNPL, pendant la préparation de ce vol, « les membres de ce même équipage ont subi des menaces de conséquences managériales de la part de leur encadrement pour les “convaincre” d’effectuer le vol en dépit des risques encourus pour la sécurité ».

En agissant de la sorte, la direction de la compagnie nationale française « bafoue les dispositions du Code des Transports et du Code de l’Aviation Civile relatives aux prérogatives des commandants de bord et ce, au détriment de la sécurité des vols », poursuit le syndicat. Les pilotes d’Air France « ou de toute autre compagnie, ne sauraient accepter d’exercer leur métier sous la pression d’un management qui fait passer les questions de rentabilité loin devant la sécurité des passagers, des membres d’équipage et des aéronefs ». Le texte rappelle au passage que pour des raisons de sécurité, le législateur a confié au commandant de bord exécutant un vol « la responsabilité de la mission. Le fait de placer ce dernier en dehors de toute hiérarchie au cours de la mission, loin de toute pression managériale pour ses prises de décision, permet aujourd’hui d’assurer au transport aérien un niveau de sécurité sans égal ».

Les trois syndicats de pilotes laissent toutefois à la compagnie la possibilité d’apporter d’ici là une « réponse satisfaisante » à ce non-respect des prérogatives du commandant de bord. Afin d’éviter que de nouveaux cas ne se reproduisent, le SNPL, le SPAF et Alter requièrent que la direction de la compagnie :

  • Reconnaisse que cette décision n’était pas conforme au respect des prérogatives des commandants de bord ;
  • Rappelle le périmètre de ces prérogatives à l’ensemble de l’encadrement ;
  • Modifie les dispositions litigieuses du manuel d’exploitation AF qui, de par sa rédaction, constitue une source d’interprétations allant à l’encontre des prérogatives légales des commandants de bord en mission.

Air France n’a pas encore réagi.