Le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien va entrainer l’annulation des commandes passées à Boeing par les compagnies aériennes du pays, dont Iran Air et Aseman Airlines. Airbus et ATR devraient subir le même sort, en raison du pourcentage de pièces américaines dans ses avions.

C’est le secrétaire d’état au Trésor Steven Mnuchin qui l’a confirmé le 8 mai 2018 : les licences accordées à Boeing et Airbus pour des commandes passées avec les compagnies iraniennes vont être « révoquées » affectant des contrats d’une valeur globale de 37 milliards de dollars. Les livraisons « d’avions de ligne, de pièces et de services aéronautiques » à l’Iran seront interdites après une période de transition de 90 jours, a-t-il précisé. Mais il n’a pas complètement fermé la porte aux deux avionneurs : « certaines compagnies » sélectionnées « au cas par cas » pourraient obtenir des dérogations ou de nouvelles licences dans les trois prochains mois selon Steven Mnuchin, qui rappelle le but principal du rétablissement des sanctions envers l’Iran, « empêcher l’Iran d’accéder au système financier américain ».

Boeing a immédiatement annoncé qu’il « suivra la direction choisie » par le gouvernement américain, et consultera les autorités sur les « prochaines étapes » de cette décision. Fin avril lors de la présentation des résultats financiers de l’avionneur, le PDG Dennis Muilenburg expliquait déjà qu’aucune livraison n’était prévue avant 2019 en raison justement de la menace de reprise des sanctions. La compagnie nationale Iran Air avait signé avec Boeing en 2016 pour quinze 777-300ER et quinze 777-9, plus 50 737 MAX – dont certains pris en leasing. La famille de monocouloirs remotorisés avait également eu les faveurs d’Aseman Air (30 fermes et autant d’options, accord finalisé en juin 2017 pour des livraisons entre 2022 et 2024), de Qeshm Air (dix MAX et cinq 737-800 annoncés en juin dernier mais toujours pas officialisés), et Kish Air en en aout dernier avec un protocole d’accord pour une dizaine d’exemplaires. Aucune des quatre compagnies iraniennes ne figure dans ses listings de commande.

Airbus, concerné puisque plus de 10% de ses avions est produit par des sociétés américaines comme General Electric ou Rockwell Collins, a déclaré qu’il allait « analyser attentivement l’annonce du président et évaluer les prochaines étapes en conformité avec nos politiques internes et en pleine conformité avec les sanctions et le contrôle des exportations des Etats-Unis ». L’avionneur européen a déjà livré deux A330-200 et un A321 à Iran Air, parmi les cent Airbus commandés ferme la veille de Noël 2016 : 38 appareils de la famille A330 (dont des A330-900neo), 46 appareils de la famille A320, et seize A350XWB. Le CEO d’Iran Air Farhad Parvaresh expliquait fin mars qu’il espérait pour cette année la livraison de « sept à huit » Airbus.

Rappelons enfin que la compagnie nationale iranienne a mis en service depuis mai 2017 huit des vingt ATR 72-600 commandés fermes, avec autant d’options ; les biturbopropulseurs européens, utilisant des moteurs PW100 de Pratt & Whitney Canada (filiale de United Technologies aux USA), devraient également être affectés par le rétablissement des sanctions.

Pas de nouveaux Boeing, Airbus et ATR pour l’Iran ? 1 Air Journal