Le SNCTA, syndicat majoritaire chez les contrôleurs aériens, confirme les difficultés de la profession détaillées dans le rapport du Sénat. Et rappelle que depuis 2016 inclus, un seul jour de grève national est de sa responsabilité.

Suite au rapport du Sénateur Vincent Capo-Canellas qui dénonce la situation du contrôle aérien en France entre obsolescence des systèmes, manque de personnel et grèves, le syndicat a globalement confirmé le 19 juin 2018 l’état des lieux des services de la navigation aérienne. Pour le SNCTA (50% des voix parmi les quelque 3000 aiguilleurs du ciel français), les vieux systèmes de contrôles, jugés à la fois « résilients » et « obsolètes » par le rapporteur, ne permettent plus de faire face à la forte augmentation du trafic aérien sans générer d’importants retards, en particulier sur certains axes dont la croissance peut atteindre jusqu’à 15% sur un an. Le syndicat dit s’inquiéter « depuis de nombreuses années des retards des indispensables programmes de modernisation technique », qui doivent permettre l’amélioration de la productivité des contrôleurs tout en améliorant la sécurité des vols : les « sous-investissements intervenus entre 2008 et 2014 » sont pour partie la cause de ces retards. Et s’agissant des effectifs de contrôleurs aériens, « force est de constater qu’appliquer dogmatiquement à cette profession des politiques publiques successives de réduction des effectifs » n’a pas de sens au regard de la forte croissance de ce secteur d’activité et des enjeux économiques. Le SNCTA revendique une stratégie de recrutements pluriannuelle basée sur l’anticipation des besoins à l’horizon de cinq ans, temps nécessaire pour recruter et former un contrôleur aérien.

Faisant « le triple constat » de la forte augmentation du trafic aérien (+8% en deux ans), de la diminution du nombre de contrôleurs aériens (-6,3% depuis 2010) et des systèmes de contrôle inadaptés aux enjeux, le SNCTA rappelle qu’il avait négocié en 2016 « un cadre expérimental » de l’organisation du travail des contrôleurs, pour mieux faire face à la saisonnalité du trafic aérien. Le rapport du Sénat souligne que ces expérimentations ont permis de réduire considérablement les retards, et ont vocation à être pérennisées et étendues. Pour le SNCTA, ce point « montre l’engagement des contrôleurs à rendre un service public de qualité », même si les chiffres de productivité présentés dans le rapport ne prennent selon lui « pas en compte les résultats de ces expérimentations récentes ».

Concernant les grèves fréquentes, le SNCTA rappelle à l’instar de Vincent Copa-Canellas que la très grande majorité des perturbations sont liées à des préavis de grève déposés par des syndicats de la Fonction publique dont les revendications sont parfois sans lien direct avec le contrôle aérien. Pour le SNCTA, « la grève n’est pas une arme primaire mais un droit à n’utiliser que lorsque toutes les voies du dialogue social ont été épuisées ». Et il rappelle que depuis 2016 inclus, un seul jour de grève national est de la responsabilité du SNCTA ; son dernier « mouvement d’ampleur » date de 2014. Il s’agissait alors de « mettre en lumière le manque de moyens de la navigation aérienne française et de revendiquer une augmentation des investissements à même d’assurer la modernisation technique des systèmes dont le rapport constate aujourd’hui l’obsolescence ».

Sur l’appel du sénateur à une extension de la loi Diard au contrôle aérien, le SNCTA se dit « pas dogmatiquement opposé au principe de déclaration préalable ». Il rappelle toutefois que les contrôleurs aériens sont déjà soumis à une restriction du droit de grève par la loi de 1984, qui garantit un service minimum par des astreintes. La loi Diard a « certes permis d’améliorer la prédictibilité du service rendu un jour de grève perturbant le transport ferroviaire ou les compagnies aériennes », mais elle ne comporte pas de service minimum. Le SNCTA prévient : il « ne saurait envisager toute évolution du droit de grève » des contrôleurs aériens qui ferait cohabiter le service minimum avec le principe de déclaration préalable.

Le SNCTA publié un document à l’occasion des Assises du transport aérien. Rappelons que les grèves du contrôle aérien au CRNA d’Aix-en-Provence, qui ont affecté ces dernières semaines le trafic à l’aéroport de Marseille et dans tout le sud-est, étaient organisées par un syndicat minoritaire, UNSA-ICNA (20% des voix).

Contrôle aérien : le SNCTA d’accord sur tout ou presque avec le Sénat 1 Air Journal

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