Airbus a enregistré au deuxième jour du Salon de Farnborough une première commande pour l’A220, ex Bombardier CSeries, ses monocouloirs remotorisés et A350XWB continuant à trouver preneurs. Ses prévisions à vingt ans évoquent un marché de l’aviation commerciale d’une valeur de 4600 milliards de dollars – mais aussi un besoin de 540.000 pilotes.

La future compagnie aérienne américaine lancée par David Neeleman, appelée pour le moment Moxy Airways, a signé le 17 juillet 2018 une lettre d’intention portant sur 60 Airbus A220-300, le monocouloir canadien de 140 sièges auparavant baptisé CS300. Les livraisons sont prévues à partir de 2021 à la nouvelle compagnie soutenue par « un groupe d’investisseurs chevronnés » dirigé par le fondateur de JetBlue, investisseur dans TAP au Portugal et actionnaire de contrôle de la compagnie aérienne Azul au Brésil.

Airbus à Farnborough: A220, A320neo, A350 – et 540.000 pilotes 1 Air Journal« Après des années de consolidation des compagnies aériennes américaines, les conditions s’améliorent et favorisent l’arrivée d’une nouvelle génération de transporteurs aux Etats-Unis axés sur les services aux passagers et la satisfaction de la clientèle », a déclaré dans un communiqué David Neeleman, investisseur majoritaire dans la nouvelle entreprise. « L’A220 va nous permettre de desservir des liaisons moins fréquentées en tout confort, sans faire de compromis sur les coûts, particulièrement lors des vols de plus longue durée. Alors que les livraisons débuteront en 2021, nous aurons amplement le temps de mettre sur pied une équipe de direction de calibre mondial et d’élaborer un autre modèle d’affaires réussi », a-t-il ajouté dans le communiqué d’Airbus. Chez ce dernier, le chef de la direction commerciale Eric Schulz souligne que le choix de l’A220 « témoigne de l’attrait qu’exerce cet avion exceptionnel sur les passagers et de ses économies opérationnelles ».

Autre contrat annoncés hier au Salon de Farnborough par l’avionneur européen, un protocole d’accord signé par un client anonyme et portant sur 75 A320neo et 25 A321neo ; il ne s’agit pas d’un nouveau client pour la famille de monocouloirs remotorisés, a seulement précisé Airbus, puisque son nom figure déjà dans ses listings avec déjà des A320neo.

Un autre client anonyme a signé hier pour huit A350-900 d’une valeur de 2,5 milliards de dollars au catalogue, sans plus de précision, tandis que la low cost Level, filiale du groupe IAG, a signé pour deux A330-200 supplémentaires

Au Japon, la low cost Peach Aviation a décidé de convertir en A321LR deux des dix A320neo commandés en novembre 2016, avec des livraisons attendues durant l’année fiscale 2020. Basée à l’aéroport d’Osaka, elle sera compagnie de lancement au Japon de la version à long rayon d’action de l’A321neo, avec cabine ACF de 240 places, qui lui permettra d’ouvrir de nouvelles routes « avec une durée de vol jusqu’à neuf heures ». Possédée en partie par ANA (All Nippon Airways), la low cost opère déjà 20 des 23 A320ceo commandés, tous configurés pour accueillir 180 passagers.

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On retiendra aussi pour Airbus la proposition faite à Qatar Airways d’un A350-1000 au rayon d’action encore allongé, après une première augmentation de la MTOW : selon le dirigeant du groupe Akbar al Baker interrogé par Flightglobal, l’appareil sera alors « un immense compétiteur du Boeing 777-300ER, un appareil très prometteur. Ils nous ont dit que des réservoirs de carburant supplémentaires pourraient être installés ». Airbus ne commente pas les discussions avec ses clients, mais l’A350-1000 ressemblerait alors à une version ULR – et pourrait répondre au défi lancé par Qantas dans son Project Sunrise de liaison directe entre Sydney et Londres.

La low cost easyJet a d’autre part présenté hier à l’aéroport de Londres-Luton son premier Airbus A321neo, le MSN8314 arrivé vendredi de Hambourg ; elle en a commandé 30, qui seront aménagés pour accueillir 235 passagers, en plus des 102 A320neo attendus (neuf en service à ce jour), tous é&quipés de moteurs CFM International LEAP-1A.

La low cost Vueling a de son côté transféré de Toulouse vers Barcelone son premier A320neo (MSN8181), officiellement livré jeudi dernier. La filiale du groupe IAG attend au total 47 A320neo, et opère déjà un total de 112 A319, A320 et A321.

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Airbus a d’autre part profité du Salon de Farnborough pour mettre à jour ses prévisions pour les vingt prochaines années: entre 2018 et 2037, il prévoit désormais un marché mondial de 4600 milliards de dollars US pour les services d’avions commerciaux, la nouvelle analyse reposant sur une segmentation du marché à trois voies, axées respectivement sur les avions, les compagnies aériennes et les passagers.

Les services axés sur le cycle de vie des aéronefs représentent le segment le plus important de la croissance et comprennent la maintenance, l’accès aux pools de pièces de rechange, l’outillage, la formation technique et les mises à niveau du système. Ce marché représente une valeur cumulative de 2200 milliards de dollars sur une période de 20 ans – passant de 76 milliards de dollars en 2018 à plus de 160 milliards de dollars par année d’ici 2037. Ces services sont fournis tout au long du cycle de vie. Dans cette catégorie, les constructeurs d’aéronefs fournissent aux clients les services de base qui accompagnent l’avion, y compris des représentants de terrain et des centres d’appels pour les AOG, par exemple. Le plus grand marché en valeur est la maintenance, de plus en plus caractérisée par l’externalisation et les contrats «payés à l’heure» (PBH). De plus, à mesure que la technologie et les nouveaux matériaux se développent, comme les réparations composites, Airbus voit une forte tendance à l’externalisation. Les contrats PBH permettent aux compagnies aériennes de sécuriser et de prévoir leurs coûts de maintenance, permettant aux compagnies aériennes de se concentrer sur leurs activités de base. Airbus voit également les compagnies aériennes augmenter leur externalisation de la gestion des stocks – vers la mise en commun, au lieu d’investir dans leurs propres stocks.

La deuxième catégorie la plus importante englobe les services d’opérations aériennes – comme la formation des pilotes et les solutions de planification de vol – et représentera une dépense cumulative de 1500 milliards de dollars sur 20 ans. Les flottes devraient plus que doubler pour atteindre 48 000 avions au cours de cette période, de sorte qu’Airbus estime qu’il faudra 540.000 nouveaux pilotes dans les 20 prochaines années. Cette tendance nécessitera des méthodes de formation «plus intelligentes» utilisant les nouvelles technologies numériques.

La troisième composante du marché mondial des services est axée sur l’expérience des passagers, qui représentera une valeur cumulée estimée à 900 milliards de dollars sur une période de 20 ans. Cela englobe les services nécessaires pour optimiser l’expérience de vol, y compris les mises à niveau de la cabine, la formation de l’équipage de cabine, le divertissement en vol, la connectivité et la réservation. Ce segment devrait plus que doubler au cours des 20 prochaines années et passer de 27 milliards de dollars à près de 70 milliards de dollars chaque année. Une tendance notable est que la connectivité continue connaîtra une croissance exponentielle, car de plus en plus de passagers gèrent leur voyage à l’aide d’un appareil intelligent, leur fournissant toutes les informations en temps réel sur l’aéroport, les vols de correspondance, les détails de collecte des bagages, etc.

L’ambition d’Airbus dans le secteur des services : 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires et un démarrage de la valeur client. Après une croissance annuelle de 18% de ses revenus de services pour les deux dernières années, Airbus ambitionne de tripler ses revenus de services de plus de 3,2 milliards de dollars en 2017 pour atteindre 10 milliards de dollars de revenus commerciaux dans la prochaine décennie. Pour atteindre cet objectif, Airbus continuera à développer des services intégrés à cycle de vie complet pour tous les exploitants d’avions d’Airbus. De plus, ces services intégrés – tels que les services d’heure de vol (FHS) – seront encore plus efficaces grâce à la plate-forme de données ouvertes Skywise. Le constructeur étendra également son portefeuille de services actuel à des plates-formes autres qu’Airbus, étant donné que 62% de la flotte totale d’Airbus est exploitée par des opérateurs «multi-flottes». Un exemple de ce qui se passe aujourd’hui est illustré par la filiale de gestion des matériaux d’Airbus, Satair, qui a déjà 25% de ses revenus provenant de pièces non Airbus; tandis que la filiale des opérations aériennes de Navblue fournit également des services de multi-flotte. De plus, Airbus étendra ses services à une clientèle plus large, comme les aéroports et les opérations de contrôle du trafic aérien. Enfin, Airbus renforcera sa position stratégique dans la chaîne de valeur. Une autre facette visible de la croissance d’Airbus dans ses services est la présence de plus en plus locale et proche de ses clients. L’empreinte des services mondiaux en développement d’Airbus couvre désormais 65 sites dans le monde, y compris 17 centres de formation. Un dénominateur commun à tous les services qu’Airbus cultivera de plus en plus est la numérisation, de nombreuses solutions étant interconnectées et intégrées. Ces solutions créeront de la valeur ajoutée pour les compagnies aériennes, les bailleurs et les sociétés de MRR, par exemple en permettant la prise de décision en temps réel ou en optimisant les opérations de vol et de maintenance grâce à l’analyse.