La compagnie aérienne low cost Ryanair annonce un plan pour renforcer le tourisme européen et créer 2 millions d’emplois. Les premières correspondances à Rome se passent bien, sa base de Faro accueillera à la rentrée un neuvième avion, mais les 85 stationnés au Royaume-Uni n’iront pas à Dublin en cas de Brexit dur. Lors d’une intervention à la Conférence du Tourisme de Malte le 25 mai 2017, le Directeur du marketing de la spécialiste irlandaise du vol pas cher Kenny Jacobs a lancé un plan en cinq points pour faire progresser le tourisme européen de 10% « par rapport aux 4% prévus pour 2018 ». Il a souligné le rôle des vols low cost en Europe, qui ont été un moteur clé de la croissance du tourisme régional et de la création d'emplois. La croissance du tourisme prévue par Ryanair créerait 2 millions de nouveaux emplois, « si les pays de l'UE prennent les mesures nécessaires pour encourager davantage d'Européens à passer leurs vacances en Europe ». Ryanair mise sur les axes suivants : réduire les coûts aéroportuaires et supprimer les taxes sur les voyages de courte distance en Europe ; s'attaquer à la pénurie d'hébergements qui augmente les prix, en réduisant les coûts et en construisant plus d'hôtels ; améliorer la commercialisation des destinations de l'UE pour encourager les citoyens de l'UE à passer des vacances en Europe ; développer de nouvelles infrastructures touristiques régionales, telles que le sud de l'Italie et le nord de l'Espagne ; et enfin développer le tourisme tout au long de l'année et des voyages hors-période de pointe tels que les city breaks. Selon Kenny Jacobs, si toutes ces pistes sont mises en œuvre, « le tourisme européen peut prospérer et capitaliser sur de belles opportunités de croissance, à un moment où les vacanciers européens recherchent des destinations alternatives étant donné le déclin du trafic vers les stations balnéaires turques et nord-africaines ». Ryanair a été « le premier témoin » de la croissance du tourisme régional et de la création d'emplois que le transport aérien low cost peut apporter, « en particulier pour les jeunes européens ». A mesure que la demande pour les voyages augmente, l'aviation low cost « peut stimuler le tourisme en améliorant le profil des destinations moins connues », assure le dirigeant, rappelant que le tourisme contribue chaque année à 15% du PIB européen et soutient plus de 12% des emplois au sein de l'UE. Le CEO de Ryanair Michael O’Leary a de son côté évoqué à Dublin le succès remporté par les premiers vols en correspondance lancés à l’aéroport de Rome-Fiumicino. Les premiers tests lancés il y a un mois « se passent très bien » et la low cost a noté « une forte hausse de la demande » sur les routes intérieures vers la capitale italienne. Il souligne qu’à Fiumicino, la taxe par passager est de 17,77 euros au départ d’un vol intérieur ou européen, mais de seulement 6,22 euros pour un passager en transit. Et il prévoit qu’après avoir réglé tous les menus problèmes rencontrés à Rome, il serait logique d’étendre le principe « peut-être à Dublin et très certainement à Londres-Stansted dans les 12 prochains mois ». Sans oublier les vols long-courriers : Michael O’Leary a de nouveau confirmé au quotidien Irish Independent l’existence de négociations avec Norwegian Air Shuttle, Aer Lingus et TAP Portugal, la coordination des systèmes informatiques étant le principal écueil au lancement de ces correspondances. Sur le plan opérationnel, Ryanair basera en septembre un neuvième Boeing 737-800 à l’aéroport de Faro, « pour répondre à une demande record » vers l’Algarve. Pas de nouvelle liaison annoncée, mais des renforcements de fréquences au départ de Charleroi en Belgique, Cork et Dublin en Irlande, Cologne, Hambourg et Memmingen en Allemagne, ou Bournemouth, Bristol, East Midlands, Glasgow, Londres-Stansted et Manchester au Royaume Uni. La low cost opère 35 routes (dont celles depuis Beauvais et Marseille) vers Faro, un des cinq aéroports portugais de son réseau. Le problème des bases a aussi été abordé hier par Michael O’Leary, mais cette fois sur l’avenir de celles du Royaume-Uni. Adversaire farouche d’un Brexit dur tel qu’annoncé par le gouvernement britannique, il affirme avoir « déjà décidé » où les 85 Boeing stationnés dans le pays seront déplacés en 2019 (« pas vers Dublin ») - si aucun accord sur le transport aérien n’est trouvé avec l’Union européenne. Il espère d'ailleurs avoir bénéficier d'un préavis de trois mois à la fin des négociations, afin de pouvoir déplacer les avions (facile) et les équipages (plus compliqué). Ryanair pourrait « en théorie » arrêter la vente de billets au Royaume Uni, a-t-il ajouté, avant de présenter un scénario plus optimiste : si tout se passe bien et que la croissance est au rendez-vous, la low cost pourrait disposer de 1000 avions à l’horizon 2030 : « nous parlons déjà à Boeing de l’après 2023 », affirme le dirigeant, date à laquelle elle disposera de 535 appareils – et devrait transporter 200 millions de passagers par an…