La compagnie aérienne low cost Ryanair compte déposer une offre ferme pour acquérir environ 90 avions d’Alitalia et leurs équipages, avec un intérêt particulier pour les appareils long-courrier. On attend pour la mi-septembre la liste des repreneurs potentiels acceptés par les administrateurs qui gèrent la compagnie italienne depuis mai dernier. Comme dans le cas d’une autre filiale d’Etihad Airways, Air Berlin, la compagnie nationale italienne au bord de la faillite a attiré l’intérêt de la spécialiste irlandaise. Lors d’une conférence de presse le 31 aout 2017 à Londres, le CEO de Ryanair Michael O’Leary a affiché sa volonté de déposer d’ici le début octobre « une offre ferme, à la fois pour les avions moyen-courriers et long-courriers, les pilotes, le personnel de cabine, les routes etc. » d’Alitalia. En l’occurrence 76 Airbus de la famille A320, quatorze A330-200 et onze Boeing 777-200ER, ces deux derniers types étant selon le dirigeant « particulièrement attractifs, la flotte long-courrier ayant la capacité de croitre très fortement ». Les Embraer opérés par Alitalia Cityliner ne sont pas évoqués, et il n'a pas fourni de détails sur l'emploi, parlant juste de possibles sureffectifs et changements de contrats de travail. Le fait que Ryanair n’opère que des Boeing 737-800 n’est pas un problème pour le CEO, qui rappelle avoir tenté – trois fois en vain – de racheter Aer Lingus et sa flotte tout-Airbus : « quand vous tentez de racheter une compagnie aérienne, elle peut n’avoir que des Airbus mais elle a aussi des pilotes et mécaniciens Airbus », explique Michael O’Leary. Le plus gros obstacle vient du fait que pratiquement tous les avions d’Alitalia (sauf sept A320 et un 777 selon Flightglobal) sont pris en leasing et non pas achetés ; Ryanair devrait donc négocier la reprise des contrats de locations, et espère que les trois administrateurs nommés pour gérer la compagnie italienne « restructureront ces contrats ». Ryanair avait déjà évoqué le mois dernier la possibilité de proposer du long-courrier en Italie sur son site internet, comme elle le fait en Espagne avec Air Europa. Hier, Michael O’Leary a précisé qu’en cas de rachat d’Alitalia, il continuera à l’opérer sous son « excellent marque ». Mais il estime avoir peu de chances d’être retenu pour une acquisition, qui serait bloquée par les autorités de la concurrence puisque Ryanair détient déjà 35% de part de marché en Italie, qui monterait à « 55% avec Alitalia ». Il croit plus à une dissémination des actifs de la compagnie italienne, avec une lutte compliquée pour la reprise de ses créneaux de vols dans les aéroports du pays. Il y a quinze jours, le directeur commercial de Ryanair Kenny Jacobs présentait un autre scénario idéal pour la vente d’Alitalia : une compagnie long-courrier reprendrait cette activité, tandis que Ryanair récupèrerait la plupart de son activité moyen-courrier afin d’alimenter ces mêmes vols intercontinentaux au départ des aéroports de Rome et Milan par exemple. Les candidats à la reprise d’Alitalia ont jusqu’au 15 septembre pour présenter une « expression d’intérêt », et ceux retenus par les trois administrateurs jusqu’au 2 octobre pour détailler une offre ferme. Rappelons que le conseil d’administration de la compagnie de l’alliance SkyTeam avait demandé le 2 mai sa mise sous administration extraordinaire, jugeant la situation économique et financière « sérieuse », notant « l’indisponibilité » des actionnaires pour la refinancer et l’impossibilité de trouver « une solution alternative en si peu de temps » après le refus des salariés d’accepter un nouveau plan d’austérité. Comme Air Berlin, Alitalia a bénéficié d’un prêt du gouvernement pour lui permettre d’opérer pendant l’été.