Le gouvernement britannique menace les Etats-Unis d’une guerre commerciale après l’annonce de taxes douanières sur les Bombardier CSeries, le partenariat du pays avec Boeing étant en outre « menacé » par le comportement de l’avionneur américain. Boeing s’était réjoui le 27 septembre 2017 de la décision du Département du commerce américain d’imposer à sa demande des droits de douanes préliminaires de 219,63% sur les monocouloirs canadiens, un montant seulement dépassé par ceux imposés sur l’acier chinois. Le secrétaire d’État au Commerce Wilbur Ross a souligné que les subventions publiques « par des gouvernements étrangers sont quelque chose que l’administration Trump prend très au sérieux », Boeing évoquant une similitude avec celles accordées à Airbus. Cela n’a pas été du goût de la Première ministre britannique, le pays étant directement concerné puisque les ailes des CSeries sont fabriquées à Belfast. « Je suis amèrement déçue par la décision initiale à propos de Bombardier », a déclaré Theresa May qui jure qu’elle continuera de travailler avec Bombardier « pour protéger les emplois essentiels pour l'Irlande du Nord », soit quelque 4000 postes. Mme May en a appelé jeudi à Donald Trump pour qu’il intervienne dans la dispute entre les deux avionneurs, une dispute qui pourrait entraver la signature d’un accord de libre-échange avec les USA après le Brexit. « Ce n’est pas une façon d’opérer », a-t-elle ajouté à propos de la stratégie de Boeing qui pourrait mettre en cause un partenariat de longue date. Le ministre de la défense britannique Michael Fallon a été plus loin, remettant en question une commande annoncée de cinquante hélicoptères d’attaque Apache AH-64E et de huit avions de patrouille maritime P-8 Orion construits par Boeing. Qui serait ainsi privé de commandes de plusieurs milliards de dollars. Boeing est particulièrement remonté suite à la commande par Delta Air Lines de 75 CS100, un modèle qui n’a pourtant pas d’équivalent dans sa gamme – et un appel d’offre auquel il n’avait pas participé directement. La plupart des analystes estiment que les droits de douanes exorbitants ont peu de chances d’être un jour appliqués, le Département du commerce devant poursuivre son enquête et la décision ultime de la Commission sur le Commerce international (ITC) n’étant pas attendue avant février prochain ; l’OMC sera sans nul doute saisie quelle que soit la décision. Pratt & Whitney, qui fabrique les moteurs des CSeries, reste prudemment en dehors du débat.