Boeing a reconnu avoir engagé des négociations sur un possible rachat d’Embraer, après la prise de contrôle par Airbus du programme CSeries de Bombardier. Avec le même objectif, élargir sa gamme d’avion vers le bas. Les avionneurs américain et brésilien ont déclaré le 21 décembre 2017 avoir engagé des « discussions sur une combinaison potentielle dont les contours sont toujours en cours de négociation ». Leur communiqué commun précise qu’il n'existe « aucune garantie qu'une transaction résultera de ces discussions. Boeing et Embraer n'ont pas l'intention de faire d'autres commentaires concernant ces discussions. Toute transaction serait soumise à l'approbation du gouvernement et des régulateurs brésiliens, des conseils d'administration des deux sociétés et des actionnaires d'Embraer ». Le Brésil, actionnaire d’Embraer, bénéficie d’un droit de veto sur tout accord, et préfèrerait à l’heure actuelle un partenariat plutôt qu’une prise de contrôle. Les deux constructeurs confirment ainsi l’information publiée par le Wall Street Journal, qui avait fait s’envoler l’action d’Embraer à la bourse de Sao Paulo jeudi. Si jamais Boeing réussit son coup, il pourra compter en particulier sur les avions de la famille Embraer E2, dont l’entrée en service est prévue en avril prochain (à la compagnie aérienne Wideroe), pour offrir une gamme complète allant de 80 à plus de 400 places. L’absence de ces avions régionaux dans son portfolio lui avait fait perdre le contrat de Delta Air Lines, qui avait choisi les Bombardier CS100 pour remplacer ses MD88 vieillissants. Embraer a enregistré à ce jour 233 commandes pour ses E175-E2, E190-E2 et E195-E2, de la part de six compagnies aérienne et une société de leasing – quand Bombardier totalise 360 commandes fermes avec vingt CS100 et CS300 déjà entrés en service chez Swiss et airBaltic. Et comme c’est déjà officieusement le cas chez Airbus avec l’A319neo (52 commandes), le 737 MAX 7 (58 commandes fermes) pourrait être « sacrifié » par l’arrivée des Embraer dans la gamme Boeing.  On rappellera qu’Embraer et Bombardier sont également rivaux sur le marché des jets d’affaires, et font face à la montée en puissance des Comac, Mistubishi ou autres Sukhoi sur un marché qui leur était jusque là réservé. Et que le ministère du commerce américain a sans surprise soutenu Boeing dans sa bataille juridique à propos des CS100 achetés par Delta Air Lines, « réduisant » le montant des taxes imposables sur l’importation des avions canadiens - à 292,21%. Le même tarif sera-t-il appliqué sur les Embraer ?