Le CEO de la compagnie aérienne low cost Ryanair a de nouveau évoqué des grèves possibles, en particulier durant la période de Pâques, les négociations sur la reconnaissance des syndicats piétinant dans la plupart des pays. Le programme d’hiver en Irlande du nord inclut une nouvelle liaison intérieure entre Belfast et Manchester, tandis qu’une arrivée en Ukraine est de nouveau à l’ordre du jour.

Des grèves en Irlande et au Portugal sont possibles autour de Pâques selon Michael O’Leary, précisant pour la première fois les marchés qui devraient les premières victimes du ralentissement des négociations avec els syndicats. A ce jour, seul le BALPA représentant 25% des pilotes britanniques de Ryanair a signé, suite à l’annonce historique de la spécialiste irlandaise du vol pas cher qu’elle allait reconnaître les syndicats externes – une première en 32 ans d’histoire. Une proposition faite d’abord aux pilotes, puis étendue aux représentants des hôtesses de l’air et stewards. Lors de la présentation de bons résultats trimestriels par Ryanair au début du mois, le CEO assurait que la low cost est « totalement préparée à affronter toute perturbation » afin de défendre son modèle de rentabilité élevée ; les dépenses salariales devraient augmenter de 45 millions d’euros cette année en raison des hausses de salaires accordées aux pilotes. Mais quelque jours plus tard, il annonçait de probables grèves, affirmant qu’il préférait perdre des réservations plutôt qu’accéder aux exigences « risibles » de certains syndicats.

Ryanair poursuit les négociations avec les syndicats en Irlande, en France, en Belgique, en Espagne, au Portugal, en Allemagne et en Italie. Aucune grève n’est pour l’instant annoncée, mais en Irlande l’IALPA dit que ses pilotes ont rejeté l’offre d’augmentation de Ryanair, qui refuse de son côté que ce syndicat soit représentant exclusif des pilotes dans les négociations ; c’est là que la probabilité d’une grève serait la plus forte. Au Portugal, c’est le SNPVAC, syndicat de PNC, qui déclarait la semaine dernière qu’elle allait organiser trois jours de grève en mars et trois autres en avril. Selon Michael O’Leary, les négociations avec le syndicat de pilotes portugais SPAC « progressent de manière significative », mais seul un accord avec ce dernier permettra d’ouvrir les négociations avec le personnel de cabine. Rappelons que si des progrès ont été faits sur les droits sociaux en Belgique, les pilotes espagnols ont eux décidé d’aller en justice au nom de 500 des 800 pilotes de la low cost basées en Espagne pour non-respect du droit du travail d’une part, et pour la régularisation des contractuels de l’autre.

Ryanair : grèves anticipées, Irlande du nord et Ukraine 1 Air JournalRyanair a d’autre part annoncé son programme de vol pour la saison hiver 2018-2019 en Irlande du Nord, qui comptera 15 routes au total dont une nouvelle entre l’aéroport de Belfast-International et Manchester (elle sera en fait inaugurée fin mars avec deux vols par jour), en concurrence avec easyJet et Flybe, et le retour en hiver de celle vers Londres-Stansted avec trois rotations quotidiennes. La capitale nord-irlandaise accueillera 13 liaisons au total, de quoi accueillir 955.000 passagers par an. A l’aéroport de Derry, deux lignes vers Glasgow (5 vols par semaine) et Liverpool (4 vols par semaine) devraient attirer 145.000 clients par an ; la seule autre compagnie régulière présente est BMI Regional avec une route vers Londres. 

Mais la low cost souligne dans son communiqué qu’elle ne publiera pas au printemps de programme de vol pour l’été 2019, ayant « besoin de clarté étant donné l’incertitude entourant le Brexit » justement en mars prochain. Elle avertit de nouveau qu’elle pourrait être contrainte « d’annuler des vols et de déplacer tout ou partie de ses avions basés au Royaume-Uni » vers l’Europe continentale à partir d’avril 2019, si la « base juridique pour l’exploitation des vols entre le Royaume-Uni et l’UE » n’est pas définie à l’automne 2018. Kenny Jacobs souligne que la low cost « continue à faire campagne pour que le Royaume-Uni reste dans l’accord Ciel ouvert », tout en avertissant que dans le cas contraire « il pourrait ne pas y avoir suffisamment de temps ou de bonne volonté pour négocier un accord de remplacement bilatéral opportun ».

Enfin on notera que selon la presse locale, l’Ukraine rejoindra le réseau de Ryanair à partir de l’automne 2018, avec initialement des routes vers la capitale Kiev et vers Lviv. Interrogé par Fly4free, Juliusz Komorek des affaires légales de Ryanair Holdings ne s’est pas engagé précisément sur les dates, parlant d’un « calendrier réaliste » et de discussions en cours ; mais il a déclaré que la low cost mettra « évidemment » en place des lignes entre la Pologne et l’Ukraine. Ryanair avait renoncé en juillet 2017 à lancer des vols vers l’Ukraine pour cause de conflit avec l’aéroport de Kiev ; onze liaisons étaient alors prévues, quatre vers Kiev-Boryspil, au départ de Londres-Stansted, Manchester, Eindohven et Stockholm-Skavsta avec quinze rotations hebdomadaires devant transporter 250.000 passagers par an ; et sept routes vers l’aéroport de Lviv-Danylo Halytskyi, avec 16 vols par semaine au départ de Berlin-Schoenefeld, Budapest, Cracovie, Eindhoven, Londres-Stansted, Memmingen et Wroclaw. Le directeur de l’aéroport Boryspil expliquait alors que la low cost avait présenté des exigences « pas compatibles avec la législation ukrainienne », mais aussi le refus d’accorder un rabais substantiel sur la route Londres – Kiev puisqu’elle n’était « pas nouvelle » (Ukraine International Airlines et British Airways proposent déjà des liaisons entre les deux capitales, depuis Heathrow et vers Gatwick).