Le mécontentement de la compagnie aérienne Emirates Airlines envers les moteurs Rolls Royce pourrait menacer sa dernière commande d’Airbus A380, et donc la survie du programme.

Lors de sa commande ferme pour vingt A380, plus 16 en option, en février dernier, la compagnie basée à l’aéroport de Dubaï n’avait pas précisé le type de moteur choisi. Seul Rolls Royce s’était porté volontaire y compris pour améliorer le Trent 900, Engine Alliance (dont les GP7200 équipent 90 A380 d’Emirates Airlines) s’étant abstenue. Mais selon des sources citées par l’agence Bloomberg, les négociations avec le motoriste britannique ont déjà dépassé la date limite fixée et se passent mal : la compagnie émiratie serait déçue des performances du Trent 900, et des propositions de Rolls Royce pour en améliorer les performances. Ce qui pourrait repousser les livraisons des nouveaux avions, prévues à partir de 2020, voire pousser Emirates Airlines à annuler cette commande supplémentaire.

Airbus n’a pas commenté ces informations, mais en décembre dernier il envisageait un ralentissement de la production des A380 à six exemplaires par an à partir de 2020 afin d’assurer la pérennité du superjumbo (après un maximum atteint de 30, puis 15 livrés en 2017, douze prévus cette année et huit en 2019). Avant de confirmer que l’absence de commande d’Emirates pourrait entrainer la fin du programme. Rolls Royce est de son côté déjà en difficulté avec les moteurs des Boeing 787 Dreamliner.

Meilleur client du superjumbo, Emirates Airlines a mis en service 105 des 162 A380 attendus, et son président Tim Clark comptait même équiper les appareils commandés en février d’une classe Premium – une première dans sa flotte. Le superjumbo « est un succès pour Emirates. Nos clients l’adorent, et nous avons pu le déployer dans différentes missions de notre réseau, ce qui nous donne une flexibilité en termes de portée et de mix passagers », soulignait le CEO du groupe Sheikh Ahmed bin Saeed Al Maktoum lors de la signature de la commande supplémentaire. Mais la compagnie est aussi connue pour utiliser les médias dans des négociations normalement discrètes. En novembre dernier par exemple, Tim Clark insistait sur le fait que l’A380plus « ne l’intéresse pas », en particulier avec les rangées de 11 sièges en Economie ou la suppression de l’escalier avant ; mais le lancement d’une version A380neo n’était plus présenté comme un préalable à une nouvelle commande. Et il avait aussi menacé Boeing d’annuler sa commande pour 150 777X si l’accord de ciel ouvert entre les Emirats Arabes Unis et les Etats-Unis était remis en question.

Il est bien sûr trop tôt pour enterrer le programme A380 : si les choses se passent mal avec Rolls Royce , Engine Alliance (General Electric et Pratt & Whitney) rappelle au passage que le GP7200 présente « d’excellentes consommation et durabilité », et qu’il n’a pas exclu d’en produire d’autres si Emirates Airlines le demande : « nous attendons avec impatience une annonce d’Emirates, et nous nous concentrons également sur le soutien de leur flotte pour les décennies à venir »…

A380 : la dernière commande d’Emirates menacée ? 1 Air Journal