L’indication de mesure de la vitesse du Boeing 737 MAX 8 de la compagnie aérienne low cost Lion Air, qui s’est écrasé la semaine dernière entrainant la mort des 189 personnes à bord, était défectueuse durant les derniers vols de l’appareil y compris le fatal vol JT610.

Le Comité indonésien de la sécurité des transports (KNKT) a révélé le 5 novembre 2018 que l’analyse initiale de l’enregistreur des données de vol (FDR) du 737 MAX 8 de la spécialiste du vol pas cher, immatriculé PK-LQP, indiquait une défaillance de la mesure de vitesse durant quatre vols y compris celui du 29 octobre 2018 entre Jakarta-Soekarno Hatta et l’aéroport de Pangkal Pinang. Nurcahyo Utomo, en charge des enquêtes sur les accidents au KNKT, a toutefois précisé ne « pas savoir où était le problème, s’il venait de la jauge, des sondes ou de l’ordinateur de bord, si des réparations avaient été entreprises, quels composants avaient été remplacés », ajoutant que l’enquête devrait déterminer comment les problèmes avaient été traités. Le chef du KNKT Soerjanto Tjahjono a de son côté souligné avoir demandé à Boeing et au NTSB américain quelles mesures doivent être prises concernant la mesure de vitesse « pour éviter des problèmes du même genre sur ce type d’appareils ». Il n’était pas clair hier soir s’il s’agissait d’une panne intermittente ou d’un problème de maintenance ; Boeing, qui a livré 219 737 MAX de par le monde, n’a pas commenté l’information.

Les enquêteurs ont également confirmé hier que l’appareil était intact lors de son impact avec la mer, les moteurs tournant à plein régime ; il n’y a pas eu d’explosion en vol, comme le prouve la zone limitée où les débris ont été retrouvés, a déclaré Soerjanto Tjahjono.

Les recherches continuent au large de Sumatra pour localiser l’enregistreur des conversations du cockpit (CVR), la deuxième boîte noire pouvant seule confirmer que les pilotes faisaient bien face à des problèmes de mesure de vitesse et comment ils les ont gérés. Les trois vols précédents étaient arrivés à bon port, même si le JT43 entre Bali et Jakarta la veille du crash avait été « secoué » selon les passagers.

Plus d’un millier de personnes sont impliquées dans les recherches, dont une centaine de plongeurs – qui ont perdu l’un des leurs vendredi dernier, l’homme de 48 ans ayant été retrouvé inconscient et n’ayant pu être ranimé. Quelque 164 sacs contenant des restes humains ont été récupérés, mais seulement 14 passagers ont été formellement identifiés.

Si le crash de la semaine dernière n’est « que » le deuxième mortel dans l’histoire de Lion Air (25 personnes avaient péri en 2004 quand son McDonnell Douglas MD-82 s’était écrasé à Surakarta), la low cost a connu plusieurs accidents sérieux, dont celui de 2013 à Bali qui n’avait fait aucune victime alors qu’un 737-800 s’était posé en mer lors d’un atterrissage raté. Lion Air figurait alors sur la liste noire des compagnies aériennes interdites de vol en Europe, mais en était sortie en juin 2016 – en même temps que sa filiale Batik Air et Citilink, la low cost de Garuda Indonesia. En juin dernier, la Commission européenne retirait tous les transporteurs aériens indonésiens de sa liste noire, « compte tenu des nouveaux progrès en matière de sécurité aérienne qui ont été constatés dans ce pays ». Au total, Lion Air a perdu cinq avions dans des incidents divers depuis 2002, cinq autres étant sérieusement endommagés.

L’accident du vol JT610 est le plus grave en Indonésie depuis 2015, quand un Airbus A320 de la low cost AirAsia Indonesia s’était écrasé en mer lors du vol QZ8501 entre Surabaya et Singapour. Le pire dans l’histoire du pays reste celui de Garuda Indonesia en septembre 1997, quand son A300 s’était écrasé sur une colline lors de son approche de l’aéroport de Medan (234 morts).

Crash de Lion Air : problèmes de mesure de vitesse sur 4 vols 1 Air Journal

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