Le syndicat de pilotes SNPL de la compagnie aérienne HOP! Air France a demandé à rencontrer le CEO du groupe Benjamin Smith, sans réponse apparemment.

La compagnie régionale du groupe Air France n’avait pas été touchée par les 15 jours de grève menés depuis le début de l’année par l’intersyndicale de sa maison-mère, mais le silence des syndicats est désormais terminé. Le représentant des pilotes SNPL HOP a déploré le 13 novembre 2018 avoir sollicité Benjamin Smith « afin d’offrir un nouvel éclairage sur les difficultés et l’avenir de la compagnie HOP! », sans avoir reçu de réponse. Une « attente insoutenable » depuis le courrier envoyé début octobre par le Bureau SNPL HOP, qui dit pourtant partager « une grande partie de l’analyse du nouveau Directeur Général sur la situation du Groupe », et souhaite « discuter ouvertement de la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie » pour la filiale régionale.

Le syndicat explique que les difficultés actuelles de la compagnie « résultent des décisions prisent par les directions successives d’Air France », qui n’ont pas su accompagner suffisamment la fusion d’Airlinair, de BritAir et de Régional en une seule entité pour lui permettre de mieux résister à la concurrence et de conquérir de nouveaux clients. A cette fusion « chaotique » s’est ajouté selon le SNPL HOP un « manque d’anticipation » du sous-effectif pilote généré par des départs importants vers Air France. Il juge aussi que le « manque de rationalité » dans les choix stratégiques concernant la flotte a « accentué la perte de parts de marché au profit de la concurrence ». Et de citer l’exemple des seize Embraer 190 dont HOP! disposera dans 18 mois, et qui seront tous exploités « avec seulement 100 sièges, alors que la réglementation lui permettrait de les exploiter jusqu’à 114 ; Ainsi, ce sont plus de 500.000 sièges par an qui ne peuvent être vendus. Or, ces ventes effaceraient à elles seules presque toutes les pertes de la compagnie » selon le syndicat.

Armand Simon, Président du Bureau SNPL HOP: « contrairement aux apparences, HOP! n’est pas un “problème économique”, c’est avant tout une formidable opportunité de développement pour toute une partie du court et moyen-courrier du Groupe Air France. Il s’agit d’une pure question de pragmatisme et nos collègues comprendraient très mal que le nouveau Directeur du Groupe AF-KLM, un homme expérimenté et qui semble volontaire, ne se saisisse pas de l’opportunité de les rencontrer alors qu’ils ont des solutions à proposer ».

Le syndicat de pilotes affiche donc sa volonté de « rompre avec toutes les mauvaises décisions du passé et de proposer de nouvelles solutions pour valoriser les points forts de la compagnie ». Mais plus d’un mois après sa proposition de rencontre, et malgré les nombreuses relances, l’absence de réponse de Monsieur Benjamin Smith « est des plus surprenantes sachant qu’il a à plusieurs reprises montré sa volonté de se rapprocher des salariés de toutes les compagnies du Groupe AF-KLM ».

Le dernier mouvement de grogne des pilotes à HOP! Air France remonte à mars dernier, quand le Flight Union Cockpit (troisième syndicat de pilotes de la compagnie régionale) avait appelé à la grève les 22 et 23 mars, dates choisies respectivement pour les mouvements de la fonction publique et de l’intersyndicale chez Air France. Représentant 16% des voix, le FUC voulait que la direction « présente enfin un véritable projet d’entreprise » et qu’elle « abandonne son RU et signe un accord PNT », une convention collective unique pour les pilotes de HOP!; le syndicat réclamait une amélioration des conditions de travail, tout en précisant que son appel à la grève n’a « rien à voir » avec les revendications salariales de l’intersyndicale. Mais tout cela était avant la démission du PDG Jean-Marc Janaillac, et l’arrivée de Benjamin Smith à la tête du groupe Air France-KLM – et par intérim au poste de CEO d’Air France.

Rappelons qu’en septembre, la direction de HOP! Air France avait annoncé la suppression de 120 postes dans les services supports administratifs, à quoi s’ajoutent la suppression de 126 postes en escale déjà prévue dans les aéroports de Lyon et Nantes.  La CFDT avait alors appelé à des débrayages.

Les pilotes de HOP! aussi veulent rencontrer Ben Smith 1 Air Journal