Le SNPL représentant les pilotes de la compagnie aérienne HOP! a rencontré le CEO d’Air France-KLM Ben Smith. Il regrette le manque de clarté sur l’avenir de la flotte et craint une fermeture de certaines bases de province. 

Annoncée en novembre dernier, la rencontre entre le syndicat majoritaire chez les pilotes de la filiale régionale d’Air France (et les autres syndicats) et le nouveau dirigeant du groupe franco-néerlandais a eu lieu le 9 janvier 2019, en présence du DGA de HOP! Alain Malka et du DRH intérimaire d’Air France Patrice Tison – mais sans la nouvelle directrice générale Anne Rigail, souligne le syndicat dans son communiqué. S’il salue l’absence de langue de bois chez Ben Smith, « son discours est direct, rationnel et pragmatique », le SNPL HOP! a cru comprendre que l’avenir de la marque « se semble plus avoir un grand avenir », notamment après la disparition annoncée de Joon. Ben Smith a cependant affirmé selon le syndicat que la question d’une fusion de HOP! dans Air France « n’est pas un objectif aujourd’hui. Ce n’est pas réaliste et je n’en vois pas le bénéfice, ce n’est pas un plan ». En dehors des routes qui touchent les aéroports de Paris CDG et Orly, « il y a un problème de rentabilité » sur le reste du réseau ; le projet de rationalisation concerne donc aussi le réseau (routes, fréquences) et la flotte, écrit le syndicat.

La flotte de la compagnie régionale est le sujet sur lequel le syndicat s’étend le plus : sur la pertinence des modules de petites capacités sur le réseau France et Europe, Ben Smith a répondu selon le SNPL qu’il y a « des opportunités » mais que la priorité aujourd’hui est le fonctionnement de HOP! dans la capitale. La question de l’utilisation de la compagnie pour le marché régional « n’est donc pas tranchée », déclare le syndicat, et celle de l’évolution de la scope clause à 110 sièges n’est « pas non plus la priorité à court terme et n’est donc pas à l’étude pour le moment ».

Si la rationalisation de la flotte de HOP! s’axe sur deux types, les Embraer E-jets à CDG pour alimenter le hub « parce qu’ils sont polyvalents et que les passagers apprécient ces avions » (sept E190 supplémentaires viennent d’être pris en leasing) et les Bombardier CRJ1000 à Orly « parce qu’ils sont fiables et économiques », Ben Smith ne s’est pas avancé d’après le syndicat sur le nombre d’avions à terme pour la compagnie régionale. Ce que le syndicat interprète comme un avenir se résumant à l’alimentation des deux hubs ; la sortie de flotte des ATR est déjà en cours, rappelle le SNPL, et celle des ERJ145 « est à prévoir à court terme tout comme pour les CRJ700 » ; par conséquent, « une grande partie de nos bases en province sont menacées de fermeture ». Globalement, la flotte de HOP! devrait selon le syndicat être réduite à moins de 50 avions (76 actuellement), « puisqu’il est impossible d’augmenter le nombre de CRJ1000 et que le Business plan actuel de HOP! prévoit au mieux 32 E-jets ». Le CEO n’a pas répondu à cette question.

Autres sujets abordés durant la réunion selon le SNPL HOP!, la rentabilité qui « n’est pas un projet en soi mais bien la condition dans laquelle doit s’exercer le business » selon Ben Smith ; les changements nécessaires doivent s’opérer sans perdre de temps, l’enjeu étant que le Groupe soit « profitable et viable sur le long terme ». Le CEO veut également développer la filiale low cost Transavia « autant que possible, 80, 100, 150 ou 200 avions si le marché le permet », et Air France « sur le segment affaire ».

Les trois priorités données par le syndicat au CEO du groupe sont « un véritable projet d’entreprise, un accord d’intéressement au Groupe AF pour la reconnaissance et pour relancer la motivation, et avoir une réponse à la question “ sommes-nous à côté d’AF ou sommes-nous AF ? ” ». Le syndicat estime cependant ne pas se satisfaire de « telles perspectives de décroissance et de marasme pour les carrières » des pilotes de HOP!, qu’il appelle tous les pilotes adhérents ou non à en débattre demain lors de son Conseil au siège à CDG.

Rappelons que le SNPL HOP avait signé l’année dernière en faveur de la nouvelle convention collective, rassemblant en un texte unique celles d’Airlinair, Brit’Air et Regional. Le syndicat avait mené une grève de six jours en juillet 2017 sur le même motif, après avoir régulièrement dénoncé une fusion des trois compagnies régionales réalisée à coûts constants, sans prendre en compte ses conséquences en termes de flotte, d’organisation et de procédures.

Le SNPL revient sur les discussions avec HOP! Air France 1 Air Journal