La compagnie aérienne Air France a signé un nouvel accord catégoriel avec le syndicat majoritaire SNPL, après un oui massif des pilotes en faveur de l’accord salarial proposé.

L’accord annoncé le 19 février 2019 par la compagnie française reste ouvert à la signature jusqu’à vendredi, mais Air France souligne qu’il est « d’ores et déjà valide » puisque le SNPL représente 75,9% des voix exprimées en faveur des syndicats représentatifs pilotes. Lancée au début du mois auprès de tous les pilotes par le syndicat et achevée hier, la consultation sur le projet d’accord a débouché sur un résultat sans nuance : une participation de 70,51% et un « Oui » pour 85,42% des votants. Parmi les adhérents SNPL, la participation était de 88,39%, avec 90,15% en faveur du projet d’accord ; le SPAF, deuxième syndicat représentatif chez les pilotes, avait appelé à voter non. Non détaillé, l’accord comprendrait une hausse de salaire pour les seuls pilotes de 4%, et porterait aussi sur l’équilibre entre Air France et KLM au sein du groupe, la néerlandaise s’étant développée sans faiblir quand la française était engluée dans des difficultés financières. De « nouveaux critères d’équilibre de production » auraient été définis, au-delà du ratio 2/3 – 1/3 en faveur d’Air France mesuré jusque là en heures de vol et en capacité. La disparition de ce dernier critère, au profit selon La Tribune d’un calcul « basé sur les certificats de navigabilité de chaque avion », permettrait à Air France de dé-densifier ses appareils, selon la stratégie vers le haut de gamme souhaitée par Ben Smith, tandis que KLM pourrait densifier les siens (l’aéroport d’Amsterdam est saturé) – sans que cela remette en cause l’évolution du nombre d’avions dans chaque flotte. En échange, le syndicat majoritaire aurait accepté plus de souplesse dans les plannings. Le SNPL a également adhéré à l’accord salarial inter-catégoriel du 19 octobre dernier, qui prévoyait une hausse de salaire générale de 2% en 2018 et 2% en 2019 (auxquels s’ajouteront donc la hausse spécifique aux pilotes) ; le SPAF avait approuvé cette hausse générale dès l’automne.

Ces accords permettent selon Air France de « répondre au besoin de flexibilité nécessaire pour accompagner la nouvelle ambition d’Air France, tout en prévoyant des mesures destinées à améliorer la sécurité des vols, la stratégie commerciale, la robustesse opérationnelle, la vie quotidienne et la rémunération des pilotes ». « Je tiens à remercier les pilotes d’avoir massivement approuvé cet accord. Il constitue la fondation d’une culture forte reconnaissant leur leadership. Après la NAO et les accords déjà signés avec les personnels au Sol et les PNC, et avec l’appui de toutes nos parties prenantes, Air France-KLM peut à présent commencer la mise en œuvre d’une stratégie plus ambitieuse et ainsi reconquérir une position de leader européen », a déclaré dans un communiqué le CEO d’Air France-KLM Benjamin Smith.

Le SNPL souligne de son côté que le taux de participation « illustre, sans ambiguïté, la volonté des pilotes d’Air France de s’impliquer dans l’avenir de la compagnie ». Par ce vote, les pilotes « soutiennent le projet stratégique de montée en gamme initié par Benjamin Smith et acceptent les revalorisations salariales, mettant ainsi un terme à près de 12 mois de conflit » qui ont coûté 335 millions d’euros à Air France et entrainé la démission du PDG Jean-Marc Janaillac. Guillaume Gestas, nouveau Président du SNPL Air France ALPA, déclarait hier : « cet accord majeur a fait l’objet d’intenses négociations depuis le mois de décembre. Après des mois de conflit, il était temps d’entrer dans une nouvelle ère de dialogue social. L’approbation du texte par nos collègues nous conforte dans cette idée et confirme l’envie de chacun d’aller de l’avant pour offrir de nouvelles perspectives à la compagnie et au Groupe ». Il précise toutefois que « la confiance exprimée par les pilotes envers la nouvelle direction d’Air France ne sera pas un blanc-seing », et que le SNPL sera particulièrement attentif au strict respect des garanties de l’accord qu’il s’apprête à signer.

La low cost Transavia ne figure pas dans cet accord, son avenir devant être géré séparément tout comme celui de la filiale régionale HOP (objet déjà de négociations entre le SNPL et la direction d’Air France). On rappellera d’ailleurs que la nouvelle direction du SNPL Air France ALPA a à sa tête un pilote détaché chez la low cost.