Les adhérents du syndicat de pilotes SNPL Air France ALPA ont voté en faveur du développement de la flotte de la low cost Transavia. Reste à savoir quand une nouvelle commande d’avions sera annoncée, sur quels appareils elle portera – et si les autres syndicats seront d’accord. En attendant, la compagnie aérienne a inauguré une nouvelle liaison entre Lyon et Casablanca.

La limite à quarante avions de la spécialiste française du vol pas cher, fixée en 2014, ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir : lors du référendum lancé mi-juillet par le syndicat de pilotes majoritaire concernant « les projets d’accords de groupe Transavia et moyen-courrier Air France », les adhérents ont voté pour à 78,08%. Avec un taux de participation de 82,67% qui « illustre, sans ambiguïté, la volonté des pilotes d’Air France de s’impliquer dans l’avenir de Transavia », souligne le SNPL Air France dans un communiqué du 31 juillet 2019. Son président Guillaume Gestas, élu en décembre dernier et lui-même commandant de bord sur Boeing 737-800 de Transavia, a déclaré : « en approuvant cet accord majeur, les pilotes d’Air France manifestent leur intérêt et leur confiance dans la compagnie Transavia France, principal vecteur de croissance du moyen courrier dans le groupe ». La groupe Air France-KLM a de son côté annoncé suite au résultat du vote que Transavia va pouvoir poursuivre son développement « sans limitation du nombre d’avions et dans des conditions économiquement équilibrées pour le groupe Air France » ; elle pourra « accélérer son offensive sur le marché très concurrentiel du low-cost, au départ d’Orly et de la province ».

L’accord ne prévoit pas de contrat unique pour les pilotes Air France et Transavia, mais un document interne du SNPL consulté par TourMag précise que cela reste « l’ambition première » : « le meilleur des contrats uniques entre AF et Transavia… sera négocié par une seule représentation syndicale », précise le syndicat, et la disparité des salaires entre pilotes sur A320 d’Air France et sur 737 de Transavia va disparaître. En échange, aucune augmentation générale des pilotes pour 2019 ne sera au programme des prochaines NAO (négociations annuelles obligatoire) à l’automne. Le document rappelle en conclusion la répartition des périmètres entre la maison-mère et sa filiale : Transavia « ne fera pas de domestique en remplacement d’Air France, ne desservira pas CDG, ne fera pas de vols supérieurs à 3000 nm ni de vols transatlantiques et n’exploitera pas de modules gros porteurs ». Guillaume Schmid, vice-président du SNPL Air France, a confié à AIN que le syndicat avait voulu s’assurer que les vols « à bord d’avions monocouloirs de nouvelle génération, tels que l’Airbus A321XLR pouvant desservir la côte est américaine depuis la France, sont réservés à Air France ».

Transavia n’est pas pour autant complètement sortie d’affaires : le deuxième syndicat de pilotes d’Air France, le SPAF, s’est opposé au projet de développement de la low cost notamment pour ses conséquences sur la carrière des jeunes pilotes. « Nous ne sommes pas contre le développement de Transavia, mais pas dans ces conditions. Cet accord n’est pas équilibré. Nous invitons à voter « non » au référendum pour poursuivre les négociations », insiste son président Grégoire Aplincourt dans Le Parisien. On rappellera aussi que les pilotes « historiques » de Transavia se sont fait entendre le mois dernier, des menaces de grève étant brandies par le SNPL et le SPL Transavia – ce dernier se gardant la possibilité de lancer une action en référé.

Flotte de Transavia: feu vert des pilotes, et après? 1 Air Journal

©Boeing

Le résultat du vote du SNPL est tombé hier après la publication des résultats financiers d’Air France-KLM, et au lendemain de l’annonce d’une commande de 60 Airbus A220 pour la compagnie française. Transavia France n’était pas mentionnée : elle opère à ce jour 37 737-800 (sa sœur hollandaise en a 42). Le développement de sa flotte passera donc forcément par une nouvelle commande, même si elle a déjà utilisé des Airbus A320 avec équipages de sa maison-mère. Selon Guillaume Schmid, la direction et le syndicat ont discuté de la croissance de la flotte : « pour les quatre prochaines années, l’expansion se fera avec des 737-800 », le 737 MAX représentant une évolution « naturelle » de la flotte – même s’il est cloué au sol depuis mars dernier, sans date de retour annoncée. « Nous devrons attendre de voir comment la situation évoluera », souligne le syndicaliste, car « même si le MAX est re-certifié et autorisé à voler bientôt, aucun ne sera disponible dans les quatre prochaines années ». Pour atteindre une flotte d’environ 60 avions en 2024, le groupe Air France n’aura donc d’autre choix que de louer des appareils – ou en acheter d’occasion.

Après avoir enregistré les meilleurs résultats financiers de son histoire en 2018, Transavia suggérait en février dernier par la voix de son PDG aux Pays-Bas Mattijs ten Brink la possibilité d’une commande d’une centaine de 737 MAX lors du Salon du Bourget, pour des livraisons à partir de 2021. « Transavia France commandera le MAX 8, tandis que nous choisirons des avions plus gros », précisait-il alors, ajoutant que les deux low cost « achèteront des avions sur le marché mais pourraient en louer un nombre indéterminé pour plus de flexibilité ».

Côté réseau, on retiendra que Transavia France propose depuis mardi et jusqu’au 1er septembre deux vols par semaine entre sa base à Lyon-Saint Exupéry et l’aéroport de Casablanca-Mohammed V, opérés en 737-800 de 189 places. Les départs sont programmés mardi à 22h55 et dimanche à 23h55 (arrivées le lendemain respectivement à 0h35 et 1h35), les vols retour quittant le Maroc lundi à 2h20 et mercredi à 1h20 (arrivées respectivement à 5h55 et 4h55). Transavia est en concurrence avec Royal Air Maroc et Air Arabia Maroc sur cette ligne proposée à partir de 49 euros TTC aller simple.

Flotte de Transavia: feu vert des pilotes, et après? 2 Air Journal

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