Boeing a réagi à la publication de SMS qui prouveraient un mensonge à la FAA quant à la sécurité de ses 737 MAX, soulignant qu’ils concernaient une défaillance du simulateur de vol et non du système MCAS en lui-même. Le constructeur rappelle que ces messages sont déjà en possession des autorités, et que le régulateur a été alerté « à plusieurs reprises » quant aux changements entrainés par le nouveau système anti-décrochage. Une nouvelle commande pour dix 737-800BCF, le monocouloir reconverti pour le transport de fret, a d’autre part été annoncée.

Disant « comprendre et regretter » l’inquiétude causée par la diffusion vendredi de messages instantanés concernant un ancien employé de Boeing, Mark Forkner, un pilote technique impliqué dans le développement de manuels et de formation, Boeing a déclaré dans un communiqué hier « regretter particulièrement les difficultés que la publication de ce document a présentées pour la Federal Aviation Administration (FAA) des États-Unis et d’autres organismes de réglementation ». Il est « malheureux » que ce document, remis aux enquêteurs du gouvernement au début de l’année, n’ait pu être publié « d’une manière qui aurait permis de fournir des explications valables », souligne Boeing : M. Forkner lui a déclaré par l’entremise de son avocat que ses commentaires « reflétaient une réaction à un programme de simulateur qui ne fonctionnait pas correctement et qui était toujours à l’essai ».  L’enquête sur les circonstances de cet échange se poursuit, et Boeing s’engage à « identifier tous les faits disponibles s’y rapportant et à les communiquer aux autorités d’enquête et de réglementation compétentes ». 

A propos des accusations d’avoir caché des documents aux autorités, Boeing rappelle le « processus exhaustif » engagé avec la FAA pour déterminer les exigences de formation des pilotes du 737 MAX 8, « un processus complexe et pluriannuel qui a nécessité la participation d’un grand nombre de personnes à Boeing et à la FAA ». Cet effort en soi n’était qu’une partie d’un processus réglementaire beaucoup plus vaste pour la conception, le développement et la certification du 737 MAX 8. Et dans le cadre de ce processus réglementaire, Boeing « a informé la FAA de l’expansion du système d’augmentation des caractéristiques de manœuvre (MCAS) à basse vitesse », notamment en informant « la FAA et les organismes de réglementation internationaux à plusieurs reprises » de la configuration finale du MCAS.  Le processus comprenait également l’évaluation du MCAS dans des configurations à basse vitesse pour la formation et la certification, poursuit Boeing ; le logiciel de simulation utilisé pendant la séance du 15 novembre (objet des SMS) « était encore en cours d’essai et de qualification et n’avait pas encore été mis au point, mais il permettait aussi le fonctionnement du MCAS à basse vitesse ». Par ailleurs, une version à basse vitesse du MCAS « a été installée sur les avions utilisés pour les essais en vol liés à la formation que la FAA a menés en août 2016. Le personnel de la FAA a également observé le fonctionnement du MCAS dans sa configuration basse vitesse pendant les essais en vol de certification, qui ont commencé en août 2016 et se sont poursuivis jusqu’en janvier 2017 ». En clair : la FAA n’ignorait rien du système anti-décrochage.

Boeing conclut son communiqué en disant « comprendre parfaitement l’examen minutieux de cette affaire, et nous sommes déterminés à collaborer avec les autorités chargées des enquêtes et le Congrès des États-Unis dans la poursuite de leurs enquêtes. Nous sommes profondément attristés et humiliés par ces accidents, et nous sommes pleinement déterminés à en tirer des leçons.  Nous avons mis au point des améliorations au 737 MAX qui feront en sorte que de tels accidents ne se reproduiront plus jamais, et nous nous engageons à continuer à travailler en étroite collaboration avec la FAA et les organismes de réglementation mondiaux pour assurer la remise en service du MAX en toute sécurité ». Rappelons que le CEO Dennis Muilenburg, déchu de son titre de président du conseil d’administration, doit être auditionné le 29 octobre par le Sénat américain, puis le lendemain par la Chambre des représentants. Une première depuis les deux accidents de 737 MAX en cinq mois, qui ont fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines.

Côté commercial, Boeing a annoncé une commande anonyme de dix 737-800BCF (Boeing Converted Freighter), qui porte le total des commandes et engagements à 130 pour son monocouloir vedette converti en avion cargo. Le 737-800BCF, qui fait ses débuts au salon du Bourget cette année, est le dernier-né de Boeing : il convertit les 737NG en avions cargo capables de transporter plus de charge utile (jusqu’à 23,9 tonnes) et d’aller plus loin (2000 nm, 3750 km) que les avions-cargos standard précédents.

Boeing : SMS sur le 737 MAX, commande pour le 737-800BCF 1 Air Journal

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Boeing : SMS sur le 737 MAX, commande pour le 737-800BCF 2 Air Journal

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