La lutte entre l’écologie et le transport aérien a connu un nouvel épisode en Grande Bretagne, où un reportage a dénoncé l’embarquement par la compagnie aérienne British Airways – pour des raisons commerciales – de suffisamment de carburant pour un aller-retour. L’alourdissement de l’appareil entraine plus d’émissions de gaz à effets de serre, et les promesses de réduction d’émissions ne seraient donc qu’hypocrisie.

Lors de l’enquête de « Panorama » sur la BBC, menée suite aux dénonciations d’un ancien employé de la compagnie nationale britannique, des documents ont montré par exemple que lors d’un aller-retour vers l’Italie elle a économisé 40 livres sur le prix du carburant – mais émis 600 kilos de CO2 supplémentaires en raison des trois tonnes de carburant ajoutées. La seule pratique du tankering entrainerait chez British Airways une émission annuelle de CO2 de 18.000 tonnes. Un porte-parole de British Airways a déclaré : « Pour des raisons opérationnelles, de sécurité et de prix, le transport de carburant supplémentaire sur certains vols est une pratique courante dans l’industrie du transport aérien ». Pour British Airways, cela concerne principalement les destinations court-courriers « où les différences de prix du carburant sont considérables », a-t-il ajouté. La pratique est aussi utilisée pour assurer des déroutements en cas de problème à l’aéroport de destination.

Ces émissions supplémentaires de CO2 de la compagnie britannique ne représentent que 2% du total européen dû au tankering (lui-même responsable de 0,1% des émissions du secteur), selon une étude publiée par la division Aviation Intelligence Unit d’Eurocontrol. La pratique a permis selon l’organisation aux compagnies aériennes d’économiser globalement 265 millions d’euros par an grâce, tout en libérant plus de 901.000 tonnes supplémentaires de CO2  dans l’atmosphère. « C’est un exemple classique d’entreprise qui met les profits avant la planète. Ils se permettent d’embarquer de l’essence en plus pour améliorer légèrement leur marge bénéficiaire », a accusé John Sauven, directeur exécutif de Greenpeace UK.

Le groupe IAG dont British Airways fait partie venait justement d’annoncer être le premier au monde à s’engager à atteindre zéro émission nette de CO2 d’ici 2050. À partir de janvier 2020, British Airways deviendra « la première compagnie aérienne britannique à compenser les émissions de carbone de tous ses vols intérieurs : les émissions de carbone des clients seront compensées par la compagnie aérienne et investies dans des projets de réduction de carbone dans le monde entier ». Du coup, le CEO du groupe Willie Walsh a reconnu que la pratique n’était « peut-être pas la meilleure chose à faire » d’un point de vue environnemental, malgré les avantages financiers en jeu. Il s’est donc cette fois engagé à « véritablement revoir ses méthodes »…

Courroux des écolos contre le tankering de British Airways 1 Air Journal

©British Airways