Airbus a publié jeudi des résultats financiers marqués par une hausse de 11% du chiffre d’affaires, un bénéfice opérationnel de plus de 6 milliards d’euros mais une perte nette de 1,36 milliards en partie due à l’amende record négociée dans les enquêtes sur la corruption. Après l’acquisition du programme CSeries renommé A220, le rachat avec le gouvernement québécois des parts de Bombardier dans la société de commandite lui permet d’en détenir 75%.

Alors que son principal concurrent Boeing est en crise, l’avionneur européen a enregistré en 2019 une hausse de 11% de son chiffre d’affaires, à 70,5 milliards d’euros. Ce qui selon son communiqué reflète « essentiellement la hausse des livraisons et un mix favorable au sein d’Airbus, ainsi que, dans une moindre mesure, l’évolution favorable des taux de change ». Airbus a livré un nombre record de 863 avions commerciaux (2018 : 800 avions), dont 48 A220, 642 avions de la famille A320, 53 A330, 112 A350 et 8 A380. Airbus Helicopters a enregistré un « chiffre d’affaires stable », soutenu par la croissance du volume d’activité de services, qui a compensé une baisse des livraisons à 332 hélicoptères (2018 : 356 unités). Le chiffre d’affaires d’Airbus Defence and Space est « globalement stable » par rapport à l’exercice précédent.

Les commandes nettes d’avions commerciaux ont augmenté et atteint 768 avions (2019 : 747 avions), dont 32 A350 XWB, 89 A330 et 63 A220. À fin 2019, le carnet de commandes atteignait 7482 avions commerciaux. « Dans un contexte de marché difficile », Airbus Helicopters a réalisé un ratio commandes nettes / livraisons supérieur à 1 en termes de valeur, avec 310 commandes nettes sur l’ensemble de l’exercice (2018 : 381 unités), dont 25 hélicoptères de la famille Super Puma, 23 NH90 et 10 H160. Les prises de commandes d’Airbus Defence and Space représentent une valeur totale de 8,5 milliards d’euros, notamment grâce aux contrats de services de l’A400M et plusieurs contrats clés remportés par Space Systems. Les prises de commandes consolidées en 2019 ont progressé à 81,2 milliards d’euros (2018 : 55,5 milliards d’euros), portant la valeur du carnet de commandes consolidé à 471 milliards d’euros au 31 décembre 2019 (fin décembre 2018 : 460 milliards d’euros).

L’EBIT ajusté de l’activité avions commerciaux progresse de 32% à 6.358 millions d’euros, « en partie grâce à la montée en cadence de l’A320 et à l’effet prix du NEO, ainsi qu’à l’amélioration continue des performances financières de l’A350 ». S’agissant du programme A320, les livraisons de la version NEO ont augmenté de 43% par rapport à l’exercice précédent, pour s’élever à 551 unités. La montée en cadence de l’A321 ACF (Airbus Cabin Flex) s’est poursuivie, avec près de 100 livraisons de plus qu’en 2018 ; les équipes « concentrent leurs efforts sur la montée en cadence de l’ACF et l’amélioration du flux industriel ». Airbus étudie avec ses fournisseurs la possibilité d’augmenter encore la cadence de production du programme A320 au-delà de 63 exemplaires par mois, et anticipe déjà « des conditions favorables pour continuer d’accroître la cadence de production mensuelle de 1 ou 2 pendant chacune des 2 années suivant 2021 ». Le seuil de rentabilité visé pour l’A350 a été atteint en 2019. Compte tenu de la demande globale de gros-porteurs, Airbus pense livrer environ 40 A330 par an à partir de 2020, et maintenir une cadence de livraison stable de 9 à 10 A350 chaque mois.

Airbus : perte nette en 2019, investissement au Canada 1 Air Journal

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L’EBIT ajusté d’Airbus Helicopters progresse à 422 millions d’euros (2018 : 380 millions d’euros), traduisant essentiellement une contribution en hausse des services et une baisse des coûts de recherche et développement, malgré un mix de livraisons moins favorable. L’EBIT ajusté d’Airbus Defence and Space a diminué à 565 millions d’euros (2018 : 935 millions d’euros), essentiellement en raison de performances impactées par un contexte concurrentiel difficile sur le marché spatial, ainsi que des efforts pour soutenir les campagnes de vente en cours. La Division « prépare un programme de restructuration destiné à restaurer une rentabilité élevée proche de 10% ». Au cours de l’exercice 2019, 14 avions de transport militaire A400M ont été livrés, conformément au dernier échéancier de livraisons, portant la flotte en service à 88 exemplaires à fin décembre.

L’EBIT (reporté) consolidé s’établit à 1.339 millions d’euros (2018 : 5.048 millions d’euros), et inclut des ajustements totalisant -5.607 millions d’euros nets. Ces ajustements comprennent :

  • Un impact négatif de -3.598 millions d’euros lié aux pénalités ;
  • Un impact négatif de -1.212 millions d’euros lié à la charge pour l’A400M ;
  • Un impact négatif de -221 millions d’euros induit par la suspension de licences d’exportation de matériels de défense à l’Arabie saoudite par le gouvernement allemand, aujourd’hui prolongée jusqu’en mars 2020 ;
  • Un impact négatif de -202 millions d’euros induit par le coût du programme A380 ;
  • Un impact négatif de -170 millions d’euros lié à l’écart de comptabilisation des paiements avant livraison en dollars US et aux réévaluations bilancielles ;
  • Un impact négatif de -103 millions d’euros lié au plan de restructuration de Premium AEROTEC destiné à améliorer sa compétitivité ;
  • Des coûts divers de -101 millions d’euros, incluant les coûts de compliance partiellement compensés par le produit net positif des cessions d’Alestis Aerospace et de PFW Aerospace.

La perte par action consolidée reportée de -1,75 euro (bénéfice par action 2018 : 3,94 euros) tient compte d’un impact négatif lié au résultat financier, notamment en raison de la réévaluation d’instruments financiers. Le résultat financier est de -275 millions d’euros (2018 : -763 millions d’euros). La perte nette consolidée s’établit à -1. 362 millions d’euros (résultat net 2018 : 3.054 millions d’euros). Le Conseil d’administration d’Airbus proposera lors de l’Assemblée générale annuelle le versement d’un dividende 2019 de 1,80 euro par action, soit une hausse de 9% par rapport au dividende 2018 de 1,65 euro par action. La date du paiement est fixée au 22 avril 2020.

« Nous avons réalisé un très bon exercice 2019, avec de solides performances financières sous-jacentes essentiellement liées à nos livraisons d’avions commerciaux », a déclaré Guillaume Faury, Président exécutif (CEO) d’Airbus. « Nos bénéfices reportés reflètent les accords finaux conclus avec les autorités pour clore les enquêtes de compliance, ainsi qu’une charge liée à la révision de nos prévisions de contrats d’’export pour l’A400M. Notre confiance dans notre aptitude à continuer de croitre durablement nous amène à proposer le versement d’un dividende de 1,80 euro par action. Notre priorité pour 2020 consiste à renforcer notre culture d’entreprise, améliorer notre fonctionnement et ajuster notre structure de coûts pour améliorer nos performances financières et préparer l’avenir ».

Pour établir ses perspectives en 2020, Airbus table sur des taux de croissance de l’économie mondiale et du trafic aérien international conformes aux prévisions indépendantes qui prévalent et sur l’absence de perturbation majeure, y compris résultant du coronavirus ; et le maintien en l’état du régime douanier actuel. Les prévisions de bénéfice et de flux de trésorerie disponible pour 2020 s’entendent avant fusions et acquisitions. Airbus prévoit de livrer environ 880 avions commerciaux en 2020. Sur cette base, Airbus anticipe un EBIT ajusté d’environ 7,5 milliards d’euros, et un flux de trésorerie disponible avant fusions et acquisitions et financements-clients d’environ 4 milliards d’euros “avant le paiement de 3,6 milliards d’euros au titre des pénalités, et l’impact négatif de plusieurs centaines de millions d’euros au titre des dispositions de mise en conformité consécutivement aux différends fiscaux et juridiques”.

Airbus : perte nette en 2019, investissement au Canada 2 Air Journal

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A Montréal, Bombardier a annoncé hier qu’Airbus et le gouvernement du Québec deviennent « les seuls propriétaires du programme A220 », l’avionneur canadien finalisant « son retrait stratégique du secteur de l’aviation civile commerciale » (programme CRJ revendu à Mitsubishi, programme QSeries désormais sous la marque De Havilland). Il vend en effet sa participation résiduelle dans la Société en commandite Airbus Canada (SCAC) : Airbus détient désormais 75% d’Airbus Canada, tandis que le gouvernement du Québec voit sa participation portée à 25% (le gouvernement ne verse pas de contrepartie en espèces dans le cadre de la transaction). La participation du gouvernement sera rachetée par Airbus en 2026 – soit trois ans plus tard qu’initialement prévu. Les « lots industriels » de Bombardier à Saint-Laurent concernant les avions A220 et A330 seront transférés à Airbus, via sa filiale Stelia Aéronautique, ce qui maintiendra 360 emplois au Québec. Bombardier recevra un montant de 591 millions de dollars US, déduction faite des ajustements, dont 531 millions reçus à la clôture et 60 millions versés entre 2020 et 2021, « et se libérera à l’avenir de son obligation de financement à l’égard d’Airbus Canada ». La transaction prend effet immédiatement.

Ce nouvel accord « souligne l’engagement d’Airbus et celui du gouvernement du Québec en faveur du programme A220 dans cette période de montée en cadence continue et d’accroissement de la demande client », souligne Bombardier dans son communiqué. Depuis qu’Airbus a acquis une participation majoritaire dans le programme A220 en juillet 2018, le total des commandes nettes cumulées pour ces appareils a augmenté de 64% pour atteindre 658 appareils à la fin du mois de janvier 2020.

« Cet accord avec Bombardier et le gouvernement du Québec prouve notre soutien et notre engagement à l’égard du programme A220 et d’Airbus au Canada et renforce notre partenariat de confiance avec le gouvernement du Québec. C’est une bonne nouvelle pour nos clients et nos employés ainsi que pour l’industrie aéronautique et spatiale du Québec et du Canada », a déclaré Guillaume Faury, CEO d’Airbus. « Je suis fier que notre gouvernement ait pu conclure cette entente. Nous avons réussi à protéger les emplois payants et l’expertise exceptionnelle développée au Québec, malgré les importants défis auxquels nous avons fait face dans ce dossier en arrivant en poste. Nous avons consolidé la position du gouvernement dans le partenariat, tout en respectant notre engagement de ne pas réinvestir dans le programme (…). La décision d’un géant industriel comme Airbus de s’investir davantage au Québec contribuera à attirer d’autres donneurs d’ordres de calibre mondial », a ajouté François Legault, premier ministre du Québec.

Cette transaction « soutient nos efforts pour régler la question de notre structure de capital et finalise notre retrait stratégique du secteur aéronautique commercial », a déclaré Alain Bellemare, PDG de Bombardier, Inc. « Nous sommes extrêmement fiers de nos nombreuses réalisations et de l’impact considérable que Bombardier a exercé sur l’aviation civile commerciale. Nous sommes également fiers de nous retirer de manière responsable, en préservant les emplois et en renforçant le secteur aéronautique au Québec et au Canada. Nous sommes convaincus que le programme A220 connaîtra un long parcours fructueux sous la gestion d’Airbus et du gouvernement du Québec ».

Stelia Aéronautique Saint Laurent poursuivra la production du poste de pilotage et du fuselage arrière des avions A220, ainsi que les lots industriels de l’avion A330, pendant une période de transition d’environ trois ans sur le site de Saint-Laurent. Les lots industriels de l’A220 seront ensuite transférés sur le site de Stelia Aerospace à Mirabel « pour optimiser le flux logistique » vers la chaîne d’assemblage final de l’A220 également située à Mirabel. Airbus prévoit d’offrir à tous les employés actuels de Bombardier travaillant sur les lots industriels d’avions A220 et A330 à Saint-Laurent des emplois durant la période de montée en cadence du programme A220, « garantissant ainsi le maintien du savoir-faire ainsi que la poursuite et la croissance de l’activité au Québec ».

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