L’avionneur américain Boeing, qui a demandé une aide de 60 milliards de dollars à l’administration Trump pour faire face à la pandémie de coronavirus, a annoncé suspendre les versements de dividendes à ses actionnaires et… ses dirigeants.

Son directeur général David Calhoun et son président du conseil d’administration Larry Kellner ont confirmé avoir renoncé à leur rémunération respective jusqu’à la fin de l’année. David Calhoun, 62 ans, qui a pris les rênes du groupe le 13 janvier dernier en remplacement de Dennis Muilenburg, limogé en décembre, devait toucher un salaire de base de 1,4 million de dollars en 2020. Il pouvait prétendre à un bonus supplémentaire de 7 millions s’il parvenait à convaincre les autorités de l’aviation civile de lever l’interdiction de vol affectant depuis le 13 mars 2019 le 737 MAX à la suite de deux accidents successifs ayant fait 346 morts. L’immobilisation du monocouloir a déjà coûté, à ce jour, à l’avionneur plus de 18 milliards de dollars.

Pour le moment, Boeing ne suspend pas la production dans ses usines, affirmant “déployer toutes (ses) ressources pour continuer à soutenir (ses) opérations, (ses) effectifs et (ses) clients et à préserver la continuité de (sa) chaîne d’approvisionnement tout au long de cette crise du Covid-19“. Aux Etats-Unis, l’industrie aéronautique soutient plus de 2,5 millions d’emplois et 17.000 sous-traitants, affirme Boeing, tandis que les compagnies aériennes emploient directement 750.000 personnes et sont associées à 10 millions d’emplois indirects, d’après l’association Airlines For America. Un secteur de premier plan que l’administration Trump ne peut laisser tomber en faillite.

Mais pour la subvention de 60 milliards de dollars, de nombreuses voix s’élèvent, notamment dans le Parti démocrate, pour demander que toute aide publique soit assortie de conditions. Pas de chèque en blanc donc !  Beaucoup reprochent à Boeing d’avoir versé des milliards de dividendes à ses actionnaires au lieu de conserver une trésorerie pour les coups durs. « L’argent des contribuables ne doit servir ni à payer les bonus des patrons, ni les rachats d’actions, ni à verser les dividendes, ni à mettre fin aux accords sociaux en cas de faillite », préviens Sara Nelson, présidente de l’organisation des PNC américains Association of Flight Attendants (AFA). 

Une des hypothèses les plus discutées est une prise de participation au capital de Boeing du gouvernement fédéral. «Les contribuables devraient avoir une part dans une entreprise en échange de leur assistance, de sorte que le grand public bénéficie de son investissement une fois que l’entreprise redeviendra stable», estime le parlementaire démocrate Earl Blumenauer.

Boeing : son patron renonce à ses dividendes, l'Etat fédéral pourrait entrer dans son capital 1 Air Journal

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