Après quatre jours de fermeture de ses installations en France et en Espagne, Airbus a repris progressivement ses activités – à un rythme réduit, tout en prévenant que ses livraisons allaient ralentir. Un se ses A330-800 a été utilisé pour rapporter de Chine du matériel sanitaire, tandis que les compagnies aériennes China Southern Airlines et Qantas vont remettre en service leurs A380.

Après avoir décidé mardi dernier de suspendre pour quatre jours ses activités de production et d’assemblage dans ses usines françaises et espagnoles, l’avionneur européen a relancé la production le 23 mars 2020, en particulier à la FAL de Toulouse. Mais avec un rythme adapté à la situation sanitaire : deux équipes travaillent six heures chacune mais ne se croisent jamais, les deux heures « manquantes » étant consacrées au nettoyage des postes de travail. « Tous les gestes barrières doivent être respectés. La distance entre salariés est la règle, la mise à disposition de gel hydroalcoolique aussi. Le port de masque est limité aux postes de travail plus confinés », a précisé dans La Dépêche Thierry Baril, le directeur des ressources humaines d’Airbus. En France, cette reprise concerne aussi les usines de Nantes et Saint-Nazaire, Stelia (filiale à 100% d’Airbus) à Méaulte, Airbus Helicopters à Marignane ainsi que les sites Airbus Defense & Space de la région parisienne et de Toulouse.

Selon le DRH, « nous avons identifié d’abord les postes essentiels pour la continuité des opérations. Ensuite, nous vérifions que le poste de travail peut redémarrer, puis enfin, nous entrons en contact avec les salariés qui ont les compétences pour ce poste. Nous ne sommes pas dans l’esprit de forcer mais plutôt de convaincre pour garantir la continuité de l’activité ». De « très nombreux salariés nous demandent spontanément de revenir mais nous ne sommes pas toujours en mesure de leur dit “oui”, car il faut remplir toutes les conditions énoncées », souligne Thierry Baril, rappelant que sur les 49.000 salariés d’Airbus en France, dont 25.000 à Toulouse, « une grande majorité télétravaille ». Airbus soulignait par ailleurs hier que les employés revenant de zones fortement touchées seront placées en quatorzaine.  

Chez les syndicats, la CFE-CGC parlait d’un « retour à l’activité très partiel, sous forme de test pour certaines activités ciblées comme essentielles ou pour répondre à la demande de livraison de certains clients ». Force Ouvrière s’est déclarée favorable à ce mode de reprise, expliquant dans un communiqué qu’une « reprise lente dans des conditions de sécurité absolue de nos activités vitales semble être une solution responsable. Cet accord va permettre un redémarrage lent de nos activités industrielles, un redémarrage “sanitairement” optimal ». La CGT a elle évoqué un « danger » pour les employés comme pour la population alentour, et insisté sur le fait que les salariés doivent pouvoir choisir s’ils reprennent le travail.

Le CEO du groupe Airbus Guillaume Faury a annoncé hier de nouvelles mesures visant à renforcer ses liquidités et son bilan, avec obtention d’une nouvelle ligne de crédit de 15 milliards d’euros à la clé : « Nous avons annulé nos prévisions 2020 en raison de la volatilité de la situation », a-t-il déclaré dans un message vidéo, mais il entend assurer la continuité des activités « même en cas de crise prolongée ». Airbus donne la priorité à la gestion des livraisons et au support à la clientèle, avec qui il maintient des « contacts étroits » (tout comme avec les sous-traitants chez lesquels il cherche à « minimiser l’impact »). Le groupe reconnait toutefois que des clients pourraient chercher à « annuler ou reporter » des livraisons d’avions de ligne et d’hélicoptères.

Un Airbus A330-800 (le F-WTTO) a effectué ce weekend une rotation vers Tianjin en Chine (où l’avionneur opère une FAL), d’où il a rapporté les 2,5 millions de masques achetés qui seront répartis par l’Etat entre différents services hospitaliers. Le plus petit modèle de la famille A330neo devrait repartir ces prochains jours vers la Chine avec la même mission, Airbus devant « maintenir ce pont aérien » tant que ce sera nécessaire.

On retiendra enfin le retour en grâce des Airbus A380, cloués au sol par de nombreuses compagnies aériennes en raison de la baisse de la demande. China Southern Airlines (6) en déploie désormais un, au moins jusqu’au 5 avril selon Airlineroute, trois fois par semaine entre sa base de Guangzhou-Baiyun et l’aéroport de Los Angeles. Quant à Qantas, qui a décidé de clouer au sol ses douze superjumbos et suspendu tous ses vols internationaux à partir d’avril et jusqu’à fin mai, elle va dès ce mardi en déployer un entre Sydney et Londres via Darwin (pour se ravitailler en carburant seulement, durée moyenne du vol direct de 16h30) ; un vol quotidien est prévu durant une semaine, à la place de la route habituelle via Singapour – la cité-état ayant fermé son aéroport aux vols de transit. Lufthansa, qui avait aussi prévu d’immobiliser ses 14 A380, en opère quelques uns pour des opérations ponctuelles.

Airbus: travail, A330-800 et A380 en service 1 Air Journal

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