Confronté à la pandémie de Covid-19, le groupe Air France-KLM voit l’aide d’état promise se rapprocher, et promet que tous les prêts seront remboursés. Mais la restructuration lancée l’année dernière va s’accélérer, probablement aux dépens du réseau domestique d’Air France.

Le groupe franco-néerlandais vit « une crise d’une extrême gravité », a rappelé le 22 avril 2020 son CEO Benjamin Smith, auditionné avec d’autres dirigeants par le Sénat français. Et si aucun chiffre sur le montant des aides d’Etat n’a été officialisé (la rumeur parle toujours de 10 milliards d’euros pour l’ensemble du groupe), la présidente non-exécutive d’Air France-KLM Anne-Marie Couderc a confirmé que les besoins de liquidités se feront sentir « d’ici au troisième trimestre » – avant l’été donc. Et si elle a précisé que le soutien massif promis par le gouvernement à la compagnie aérienne française interviendra « dans les prochains jours », KLM devrait de son côté être fixée « dans les semaines à venir » ; la présidente aurait pourtant préféré un « calendrier commun ».

L’aide financière sera constituée de prêts garantis par l’Etat, à hauteur de 90% selon des sources de Reuters, ainsi que de prêts directs des Etats qui seront « tous remboursés », a insisté Anne-Marie Courderc. La recapitalisation du groupe qui perd 25 millions d’euros par jour, un temps évoquée, semble ne pas être à l’ordre du jour.

Mais le sauvetage du groupe de l’alliance SkyTeam ne se fera pas sans une accélération du plan de restructuration lancé en juin dernier par Ben Smith, particulièrement chez Air France. Il prévoyait initialement une réduction de 15% de l’offre sur le réseau intérieur d’ici la fin 2021, le passage sous code AF au lieu de A5 de tous les vols de la filiale régionale HOP, avec à la clé une réduction de sa flotte à 51 avions (tous ses ATR sont déjà partis), mais tout cela va être « accéléré et accentué », a prévenu le CEO. Une « refonte sans précédent » du réseau court-courrier d’Air France devrait être annoncée rapidement, avec en cible de mire les lignes intérieures déficitaires ; et aucune option ne serait écartée sur la place respective d’Air France, de HOP et de la low cost Transavia sur ce réseau intérieur. « Il faut avoir en tête de maintenir certaines destinations » notamment celles sous obligation de service public, a cependant souligné Anne Rigail, directrice générale d’Air France ;  « nous regarderons au cas par cas, il faut que ces lignes d’aménagement du territoire soient soutenables économiquement », le réseau intérieur ayant perdu 220 millions d’euros l’année dernière.

Côté emploi, Anne Rigail a expliqué que la reprise « est plus longue que ce nous imaginions il y a un mois », et confirmé devant le Sénat qu’Air France « réfléchit » à demander à l’Etat la possibilité d’utiliser le dispositif de chômage partiel jusqu’à neuf mois au lieu de six. Ben Smith a de son côté souligné qu’un « impact social » était inévitable, sans le détailler : « Nous avons tellement perdu d’argent. Nous sommes confrontés à la concurrence du train et des low cost », a-t-il rappelé. Le CSE central d’Air France ce jeudi devrait permettre d’en savoir plus sur la restructuration – et sur le point de vue des syndicats.

Un autre point a été abordé hier au Sénat, celui de l’écologie et du conditionnement des aides d’Etat à des objectifs climatiques : si aucune promesse n’a été faite, Ben Smith a souligné être prêt à « accélérer notre transformation » malgré la crise sanitaire, Air France-KLM ayant déjà pris des engagements forts sur le développement durable, dont les investissements dans le biocarburant ou la réduction de 50% des émissions de CO2 par passager-kilomètre d’ici à 2030 par rapport à 2005. « La moitié de cet objectif » a été atteint dès l’année dernière, a rappelé le dirigeant. Côté renouvellement de la flotte, l’arrivé des Airbus A220 à partir de septembre 2021 dans la flotte d’Air France est mise en avant par Anne Rigail, soulignant « la sortie anticipée des avions les plus polluants et l’entrée d’avions moins polluants » tels que le monocouloir canadien.

Air France-KLM : aides en vue, restructuration accélérée 1 Air Journal

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