Face à l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le transport aérien, Boeing va être obligé d’emprunter plus d’argent ces prochains mois, et ne devrait pas verser de dividendes au moins pendant trois ans. Les suppressions de postes devraient se multiplier, le retour à la « normale » ne devant pas intervenir avant deux à trois ans selon son CEO. Mais la production des 787 Dreamliner va reprendre en Caroline du Sud.
S’adressant à ses actionnaires le 27 avril 2020, avant la présentation des résultats trimestriels mercredi, le CEO du constructeur américain David Calhoun a été clair : « nous savons que nous allons devoir emprunter plus d’argent au cours des six prochains mois », pour traverser « cette période vraiment difficile » mais aussi pour « fournir la bonne liquidité à la chaîne d’approvisionnement qui représente notre industrie ». Boeing continuera de commander des pièces et des services à ses fournisseurs, afin de s’assurer que « les petites entreprises ont suffisamment d’activités pour les maintenir à flot pendant la récession », a ajouté le dirigeant. Boeing a utilisé l’intégralité d’une ligne de crédit de 13 milliards, mais n’a pas encore confirmé qu’il acceptera une aide fédérale sous conditions (17 milliards lui sont « réservés »). « Notre première priorité va être de rembourser cela, le principal et les intérêts qui vont avec », a-t-il ajouté.
Mais pour Dave Calhoun, il faudra « deux à trois ans » pour que les voyages aériens reviennent aux niveaux de 2019, et « quelques années supplémentaires » pour voir le retour de la « croissance tendancielle à long terme » de l’industrie aéronautique. Le même délai devrait être valable pour le versement de dividendes, dont le « processus pourrait prendre de trois à cinq ans (…). Il faudra un certain temps avant que les dividendes ne reviennent ». Boeing a déjà confirmé qu’aucun ne sera versé pour le T1.
Mais ce ralentissement aura aussi des conséquences sur l’emploi : Boeing a confirmé hier aux syndicats selon le Seattle Times que le plan de départs volontaires dévoilé au début du mois entrainera « plusieurs milliers » de suppressions de postes à compter du mois de juin. La rumeur de licenciements massifs chez Boeing court depuis trois semaines, et quelque 7000 salariés seraient concernés par des « départs involontaires ». Dave Calhoun voudrait officialiser les licenciements avant le début des négociations sur une aide fédérale, le gouvernement ayant déjà promis qu’il fera « tout ce qui est nécessaire » pour aider Boeing. Des chiffres plus précis sur le nombre d’employés concernés sont attendus demain.
En attendant, la production des 787 Dreamliner à North Charleston va reprendre le 3 ou le 4 mai, quelques jours après celle qui vient juste d’être relancée dans la région de Seattle pour les 787 mais aussi les 747, 767, 777 – et le 737 MAX. La FAL de Caroline du Sud avait été fermée le 8 avril ; à ce jour, 27.000 employés de la production d’avions commerciaux ont repris le travail aux USA. Boeing pourrait aussi annoncer demain une réduction du rythme de production des Dreamliner, qui selon Bloomberg tomberait à « la moitié » des 14 exemplaires par mois du début 2020.
Inukshuk a commenté :
28 avril 2020 - 9 h 16 min
Boeing tient en premier à rassurer ses actionnaires sur….les prochains versements de dividendes!
Et si Mr Calhoun prévient que ce sera niet pour le T1 2020 il oublie de préciser qu’en 2019, alors que le grounding de l’enclume coûtait à l’entreprise 1Md $ par mois, de généreux bonus et dividendes ont été distribués. Maintenant c’est au contribuable de mettre la main à la poche….
rv2lyon a commenté :
28 avril 2020 - 16 h 45 min
Sans parler qu’il y a eu une forte somme d’argent dépensée en rachat d’actions et que cet argent, si il était encore disponible aurait permis de mieux flotter au milieu de la tempête. Et quand il y a une tempête, il y a des matelots qui passent par dessus bord et Boeing a l’air de vouloir abaisser le bastingage afin qu’il y en ai plus qui passent par dessus bord avant de réclamer de l’argent aux contribuables. après des années de vache grasse capitaliste, c’est le retour la queue entre les jambes pour réclamer de l’argent à l’état providence. La Fontaine le disait si bien “la cigale ayant chanté tout l’été…”