Face à la pandémie de Covid-19, la compagnie aérienne British Airways prévoit de le départ 12.000 employés, SAS Scandinavian Airlines annonce 5000 licenciements en Suède, en Norvège et au Danemark, tandis qu’Icelandair se séparera d’environ 2000 salariés.

Compte tenu de l’impact du coronavirus sur les opérations en cours, et de la prévision d’une reprise de la demande de passagers aux niveaux de 2019 « qui prendra plusieurs années », British Airways a informé officiellement ses syndicats de « la proposition d’un programme de restructuration et de licenciements ». Ces propositions restent sujettes à consultation mais il est « probable » qu’elles affectent « la plupart des employés » de la compagnie nationale britannique, et pourraient entraîner le licenciement de 12 000 d’entre eux, précise son communiqué. British Airways a déjà mis en chômage technique 22.626 salariés au chômage technique en avril.

Selon la lettre envoyée par le CEO Alex Cruz aux employés, la compagnie aérienne se prépare désormais à « un avenir différent », et « doit agir de manière décisive maintenant » pour s’assurer « un avenir solide ». Il n’y avait pas de plan de sauvetage du gouvernement en attente, et British Airways ne peut pas espérer que « le contribuable compense les salaires indéfiniment », a-t-il ajouté ; « quel que soit le défi, plus nous retardons les décisions difficiles, moins nous aurons d’options ». Len McCluskey, secrétaire général du syndicat Unite qui représente des navigants de BA, a qualifié l’annonce de « dévastatrice » : ce serait un « coup de couteau dans le dos » pour la communauté des équipages, qui ont pris connaissance de ces projets le jour des funérailles d’un PNC décédé du coronavirus.

Le groupe IAG, regroupant British Airways, Iberia, Aer Lingus et les low cost Vueling et Level, a dévoilé mardi des résultats financiers préliminaires logiquement marqués par l’impact du coronavirus (le trimestre clos le 31 mars 2020 sera détaillé le 7 mai) : son chiffre d’affaires a reculé de 13% à 4,6 milliards d’euros, et le résultat opérationnel avant éléments exceptionnels affiche une perte de 535 millions d’euros, contre un bénéfice de 135 millions d’euros au T1 l’an dernier. Le groupe précise en outre que son résultat avant impôt « est impacté par une charge exceptionnelle de 1,3 milliard d’euros résultant de l’inefficacité de ses couvertures de carburant et de devises pour le reste de 2020, en raison d’une sur-couverture ».

Toute la réduction du résultat d’exploitation du trimestre par rapport à l’année dernière est « venue en mars », la majeure partie de la réduction du résultat d’exploitation ayant été subie par British Airways, suivie par Iberia et Aer Lingus, tandis que Vueling a connu « une modeste augmentation des pertes d’exploitation ». Comme annoncé fin février, compte tenu de l’incertitude sur l’impact et la durée de la pandémie, IAG ne fournit actuellement pas de prévisions pour 2020 ; il prévoit cependant que sa perte d’exploitation au T2 sera « nettement pire qu’au premier trimestre », compte tenu de la baisse substantielle de la capacité passagers et du trafic « et malgré une certaine réduction des coûts salariaux grâce aux programmes gouvernementaux de maintien dans l’emploi et de soutien salarial ».

Licenciements massifs chez British Airways, SAS Scandinavian et Icelandair 1 Air Journal

©IAG

L’annonce était similaire hier de la part de SAS Scandinavian Airlines : devant « adapter l’entreprise à un environnement de demande plus faible », elle va lancer « des processus » pour réduire la taille de ses futurs effectifs de jusqu’à 5000 postes à temps plein. Dont environ 1900 postes en Suède, 1300 en Norvège et 1700 au Danemark. Les processus « seront mis en œuvre conformément aux pratiques du droit du travail dans chaque pays respectif », et la compagnie scandinave promet de « s’engager activement avec ses syndicats et d’autres parties prenantes pour rechercher des solutions afin de réduire le nombre de licenciements effectifs dans le Groupe, ainsi que d’autres améliorations de la productivité ».

Compte tenu des restrictions actuelles, SAS n’opère plus qu’un réseau limité en Suède et en Norvège, et elle prévoit une activité limitée pendant « l’importante saison estivale ». De plus, il faudra probablement « quelques années » avant que la demande ne revienne aux niveaux observés avant la pandémie. L’incertitude concernant la demande et le temps d’adaptation à l’organisation « oblige SAS à agir de manière proactive », afin d’avoir « la flexibilité de monter rapidement en puissance si la demande revient, mais aussi de prendre des mesures supplémentaires si la reprise prend plus de temps que prévu actuellement ».

Covid-19 « a contraint SAS à faire face à une réalité nouvelle et sans précédent qui se répercutera non seulement dans les mois à venir, mais aussi dans les années à venir », explique le CEO Rickard Gustafson. « Notre ambition est de continuer à être la première compagnie aérienne en Scandinavie et à avoir un rôle de premier plan dans l’infrastructure scandinave en tant que garant de la connectivité nationale et internationale. Afin de poursuivre cette importante fonction sociétale, nous devons adapter notre base de coûts aux circonstances actuelles. Malheureusement, nous sommes obligés d’adapter notre main-d’œuvre face à la réduction de la demande de passagers ».

Licenciements massifs chez British Airways, SAS Scandinavian et Icelandair 2 Air Journal

©SAS Scandinavian Airlines

Enfin en Islande, la compagnie nationale Icelandair met également en avant « une incertitude continue dans un avenir imprévisible » quand à la reprise du trafic aérien. D’où l’annonce de « mesures extrêmes » afin qu’elle puisse « traverser une période prolongée d’opérations minimales, notamment « une réduction considérable du nombre d’employés et des changements dans sa structure organisationnelle ». Après les mesures prises pour réduire les sorties de trésorerie dans toutes ses opérations, y compris les renégociations avec les fournisseurs et les institutions financières, le coût salarial reste selon Icelandair « l’élément de coût le plus important » : donc l’emploi d’environ 2000 salariés sera supprimé. Cela affectera toutes les divisions de l’entreprise, bien que les rôles « directement liés à la production » tels que les navigants, la maintenance et les opérations au sol, soient les plus touchés.

La majorité des employés restants occupent des postes à temps partiel, et ceux qui occupent des postes à temps plein sont touchés par une réduction de salaire, précise encore la compagnie aérienne. Dans le même temps, les « opérations de base nécessaires » sont sécurisées pour maintenir la flexibilité nécessaire à une « expansion rapide » d’Icelandair lorsque les marchés commenceront à se redresser.

De plus, la Société a apporté des changements à sa structure organisationnelle, qui cocompte désormais sept divisions: Ventes et expérience client, Fret aérien et logistique (Icelandair Cargo), Location d’avions et conseil (Loftleidir Islandais), Opérations aériennes, Finance, Personnes et culture et une nouvelle division, Développement des affaires et numérique. Suite aux changements, le Comité Exécutif sera composé de huit membres, dont le CEO, au lieu de neuf auparavant ; le nombre de directeurs de niveau supérieur sera réduit à 19.

Selon le PDG du groupe Icelandair Bogi Nils Bogason, ces mesures « sont très douloureuses mais nécessaires. Nous faisons face à une incertitude considérable dans un avenir imprévisible, et nous préparons la Société à une période incertaine d’opérations limitées. Nous espérons pouvoir évoluer rapidement dès que les marchés commenceront à se redresser, et offrir à nouveau les emplois concernés. Malgré la réduction significative de nos effectifs, nous préservons les opérations de base nécessaires et conservons la flexibilité et l’agilité pour répondre rapidement lorsque la demande commence à augmenter ».

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