La compagnie aérienne Delta Air Lines se séparera de ses 18 Boeing 777 d’ici la fin de l’année, le deuxième type d’avion à sortir de sa flotte en conséquence de la pandémie de Covid-19. Des décisions qui devraient rendre 7000 pilotes « inutiles » à l’automne.

Après avoir annoncé pour le mois prochain le départ en retraite anticipé de ses derniers McDonnell-Douglas MD-88 et MD-90, la compagnie américaine a pris une mesure supplémentaire pour aligner les besoins d’avions à la demande escomptée : elle a annoncé le 14 mai 2020 que le départ de ses dix 777-200ER et huit 777-200LR d’ici la fin de l’année « accélérera la stratégie » de simplification et de modernisation de la flotte, « tout en continuant à exploiter des avions plus récents et plus rentables ». Des détails plus précis sur le moment de la sortie du 777 de la flotte seront divulgués « à une date ultérieure ».

Delta Air Lines rappelle que le Boeing 777-200 est entré dans la flotte en 1999 avec un total aujourd’hui de 18 appareils, dont 10 de la variante 777-200LR à longue portée livré depuis 2008. À l’époque, l’avion « était particulièrement bien placé pour voler sans escale entre Atlanta et Johannesburg, Afrique du Sud, Los Angeles à Sydney et autres destinations lointaines ».

Malgré une réduction des voyages internationaux de passagers, la flotte du 777 a été la bête de somme des opérations de rapatriement de citoyens américains, de fret et de courrier de Delta au milieu de la pandémie. Depuis fin avril, l’avion à large fuselage a effectué des dizaines de voyages de Chicago et Los Angeles à Francfort pour livrer du courrier aux troupes militaires américaines à l’étranger; opéré entre les États-Unis et l’Asie pour livrer des milliers de livres de fournitures essentielles et vitales pour aider à la réponse au COVID-19; et a ramené des milliers de citoyens américains aux États-Unis depuis Sydney, Mumbai, Manille et d’autres villes du monde.

La compagnie de l’alliance SkyTeam opèrera alors comme gros-porteurs des 767-300ER (55 actuellement) mais surtout des Airbus A350-900 « qui consomment 21% de carburant en moins par siège que les 777 qu’ils remplaceront » (13 livrés sur 39 attendus), des A330-900 neo (5 sur 37), des A330-300 (31) et des A330-200 (11). Depuis le début de la crise sanitaire, Delta a cloué au sol plus de 650 avions de sa flotte principale et de sa flotte régionale, pour « ajuster sa capacité afin de répondre à la demande réduite des clients ».

« Nous apportons des modifications stratégiques et rentables à notre flotte pour répondre à l’impact de la pandémie de COVID-19 tout en garantissant que Delta est bien positionnée pour la reprise dans le contexte de la crise », a déclaré dans un communiqué Gil West, Chef des opérations de Delta Air Lines. Le 777 « a été un élément fiable du succès de Delta depuis son arrivée dans la flotte en 1999 et, en raison de ses caractéristiques de fonctionnement uniques, a ouvert de nouveaux marchés sans escale et ultra-long-courriers que lui seul pouvait voler à ce moment-là », a-t-il ajouté.

Ces décisions sur la flotte auront évidemment un impact sur l’emploi : si Delta a diminué de moitié ce mois-ci les 50 millions de dollars qu’elle « brûlait » chaque jour via des suspensions de routes et des réductions de dépenses, elle a prévenu ses 14.500 pilotes qu’environ 7000 d’entre eux seront « de trop » à l’automne. Ce qui ne signifie pas autant de licenciements, puisqu’environ 3500 pilotes devraient atteindre en 2021 l’âge de la retraite – 65 ans.

« Je reconnais que c’est un chiffre alarmant, il est donc important de savoir que notre intention est d’aligner la dotation en personnel sur ce dont nous avons besoin à long terme », a déclaré dans une note de servie vue par Reuters John Laughter, Senior VP opérations en vol. Et compte tenu du départ à la retraite des pilotes, Delta « aurait encore entre 2500 et 3500 pilotes de plus que nécessaire au troisième trimestre 2021 », a-t-il ajouté.

Rappelons que la compagnie américaine a bénéficié d’une aide d’Etat de 5,4 milliards de dollars dont 1,6 milliard en prêt sur dix ans à faible taux d’intérêt, dans le cadre du CARES Act (Coronavirus Aid, Relief and Economic Security Act) qui interdit tout licenciement avant fin septembre ; « ce financement, ainsi que les mesures d’auto-assistance que nous avons prises, empêcheront le chômage partiel et les réductions de rémunération jusqu’à la fin septembre, malgré la baisse de 95% que nous avons constatée dans le trafic passager », précisait mi-avril le CEO de Delta Ed Bastian dans une note aux employés. En échange, le gouvernement va acquérir durant les cinq prochaines années via des warrants « environ 1% des actions de Delta, au prix de 24,93 dollars par action ».

Delta sans 777 mais avec trop de pilotes 1 Air Journal

©Delta Air Lines