La compagnie aérienne Air Caraïbes et la low cost long-courrier French bee pourraient subir une réduction de « 10% des coûts sociaux », leur propriétaire le groupe Dubreuil s’attendant à des pertes importantes cette année en raison de la pandémie de Covid-19. Les livraisons des prochains Airbus A350-1000 sont reportées d’un an.

Selon un courrier aux salariés vu par La Tribune, le groupe français devrait finaliser d’ici le début juin les négociations avec les syndicats sur cette baisse des coûts, qui « maintiendrait les effectifs en CDI » mais passerait par la suppression de « certains usages » et par de nouvelles mesures de productivité. Les quelque 250 CDD ne seront pas renouvelés, et l’absence d’accord avec les représentants du personnel pourrait déboucher sur « une dénonciation des accords collectifs et des usages ». La décision vise à « se mettre en ordre de bataille pour renouer avec les profits en 2021, alors que le groupe s’attend désormais à « des pertes importantes cette année » qui aurait dû déboucher sur un résultat « un peu positif » – c’était encore la prévision du groupe fin mars. Rappelons qu’Air Caraïbes et French bee se sont converties au fret après avoir suspendu leurs vols passagers réguliers il y a six semaines et cloué au sol leurs 14 gros-porteurs.

Jean-Paul Dubreuil et son fils Pierre-Henri Dubreuil, respectivement président du conseil de surveillance et président du directoire, expliquent : « Notre réseau est constitué à 85% de lignes desservant les Départements et Territoires d’Outre-Mer français, et accueille un grand nombre de clients affinitaires. Nous espérons retrouver ces passagers dès qu’il leur sera possible de voyager. Pour la clientèle touristique, il faudra sûrement attendre l’hiver prochain pour les retrouver peu à peu ». En attendant, malgré l’annulation de trois mois de loyers d’avions pris en leasing par Air Caraïbes et French Bee, la perte s’annonce « importante et encore inédite sur le pôle aérien ».

Côté aides d’Etat, le groupe a déposé début mai une demande de prêt garanti par l’Etat (PGE), même s’il affirmait fin mars disposer d’une trésorerie de 250 millions d’euros « dans laquelle il ne compte d’ailleurs pas puiser pendant cette période ». Mais « même si nous obtenons ce PGE, il nous faut absolument limiter les pertes financières et être prêts à redémarrer progressivement dès que les contraintes administratives et sanitaires le permettront », soulignent les deux dirigeants. Qui à l’époque avaient critiqué l’aide accordée à Air France à hauteur de 7 milliards d’euros, provoquant une passe d’armes avec les syndicats. Le gouvernement français a depuis promis une aide aux « autres compagnies aériennes », après la demande du SCARA fin avril de la création d’un fonds de 1 milliard d’euros pour les compagnies françaises basées en Métropole et dans les territoires ultra-marins ainsi que des sociétés d’assistance aéroportuaire et de formation.

Avec la réouverture espérée fin juin de l’aéroport de Paris-Orly, les deux compagnies aériennes espèrent reprendre des vols initialement vers les Antilles, la Guyane et La Réunion ; une reprise lente et qui ne nécessitera pas l’utilisation de tous les avions du groupe. Fin mars, les quatre livraisons d’Airbus A350 prévues d’ici à fin 2021 n’étaient pas remises en cause, même si Jean-Paul Dubreuil s’attendait à ce qu’elles soient reportées « en raison des difficultés de production d’Airbus ». Selon La Tribune, le groupe a négocié avec l’avionneur un report d’un an de ces livraisons, qui concernent deux A350-1000 pour Air Caraïbes et deux autres pour French bee.

Réductions de coûts en vue chez Air Caraïbes et French bee ? 1 Air Journal

©Dylan Agbagni