La compagnie aérienne japonaise ANA (All Nippon Airways) a présenté hier un vaste plan de restructuration du groupe « pour survivre » à la pandémie de Covid-19 et se positionner pour une croissance future. Avec à la clé le retrait de sa flotte de 35 avions, et des reports de livraisons y compris pour le dernier Airbus A380 et les Boeing 777X. Ses filiales vont évoluer, celle dédiée au charter Air Japan devant devenir une nouvelle marque opérant des 787 Dreamliner sur des vols régionaux.

Le groupe ANA Holdings a dévoilé le 27 octobre 2020 une perte d’exploitation de 280,9 milliards de yens (2,36 milliards d’euros) pour les six mois se terminant au 30 septembre, alors qu’à la même période l’année dernière il avait dégagé un bénéfice de 78,8 milliards de yens (753 millions de dollars). Et pour l’ensemble de l’année fiscale en cours, il table sur une perte d’exploitation record de 505 milliards de yen.

Ces résultats ont été accompagnés par l’annonce d’un plan de restructuration portant sur l’ensemble des filiales du groupe, notamment via une réduction de la flotte de 15% d’ici la fin de l’année : soit 33 avions de moins contre 7 précédemment annoncés, dont 22 Boeing 777 (-200, -300 et -300ER), laissant une flotte totale de 276 appareils pour le groupe. ANA précise que les reports de livraisons concerneront un 777-300ER, le dernier des trois A380 et les vingt 777-9 commandés et devant a priori être livrés à partir de l’année prochaine.

ANA : restructuration, reports de livraisons et nouvelle marque 1 Air Journal

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Côté emploi, la compagnie de Star Alliance est restée vague sur le nombre de postes qui pourraient être supprimés (certains évoquent 3500 d’ici 2022) : mais elle explique dans un communiqué que la réduction des coûts salariaux passera par un « transfert des activités externalisées vers le développement interne » (maintenance, assistance en escale), des transferts de postes temporaires au sein du groupe (entre différents aéroports, sites et unités commerciales) ou vers l’externe (centre d’appels, de conciergerie hôtelière, de réception et de secrétariat, plus d’ici décembre une centaine de salariés envoyés « pour améliorer les compétences d’accueil et de service » dans 10 entreprises en pénurie de main-d’œuvre.

Le tout afin de « maximiser l’efficacité et la productivité », mais avec l’objectif affiché de « protéger la main-d’œuvre pour une croissance future ». La réduction des coûts passera également par des négociations avec les syndicats sur des baisses de salaires et de primes, l’extension des congés sans solde « et d’autres mesures ».

Le plus gros changement annoncé hier par le groupe ANA reste cependant la création d’une nouvelle marque, à mi-chemin entre All Nippon Airways et la low cost Peach : lancée « autour de l’année fiscale 2022 » mais pas encore baptisée, elle aura pour but d’augmenter les bénéfices du groupe « en ciblant la demande de vols à bas prix à moyenne distance vers des destinations en Asie du Sud-Est et en Océanie ». Basée sur l’opérateur charter Air Japan, elle en utilisera les 787 Dreamliner mais configurés avec plus de 300 sièges « pour permettre des coûts unitaires faibles » (le plus dense des 787-8 du groupe en accueille 335 en deux classes). La nouvelle venue devra être « capable de répondre aux changements soudains de la demande et de commencer ses opérations rapidement après sa création ». Un business plan qui semble viser directement Zipair, filiale de la rivale Japan Airlines qui vient de débuter ses opérations en 787-8.

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Basée à l’aéroport d’Osaka, la low cost Peach (équipée de monocouloirs Airbus) devra de son côté « élargir sa clientèle aux passagers d’affaires et aux familles », vis une plus grande coopération dans le marketing ou la fidélité avec sa maison-mère. Son déménagement cette semaine vers le Terminal 1 à Tokyo-Narita permettra « plus de synergies », tandis qu’elle devra lancer des routes plus longues avec l’arrivée des deux A321LR commandés. Et surtout, la low cost se lancera dans le transport de fret pour le compte d’ANA Cargo.

Le groupe « s’engage dans une transformation ambitieuse qui renforcera ses opérations et la positionnera pour une croissance et un succès à long terme dans un marché encore sous le choc de la Covid-19 », a déclaré dans un communiqué Shinya Katanozaka, PDG d’ANA Holdings. « Cette initiative de transformation globale ne vise pas simplement à réduire les coûts, elle abordera plutôt la façon dont les voyages ont changé afin qu’ANA dispose d’un cadre pour une stratégie opérationnelle entièrement nouvelle et tournée vers l’avenir », a-t-il conclu.

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