Pandémie de Covid-19 ou pas, une étude de Cirium montre que les compagnies aériennes devraient dépenser quelque 2800 milliards de dollars en avions neufs durant les vingt prochaines années. C’est toutefois 8% de moins que dans ses précédentes prévisions.

Le rapport d’Ascend by Cirium prédit que 43.315 nouveaux avions de transport de passagers et de fret seront livrés entre 2020 et 2039, ce qui représente une baisse de 8% par rapport aux perspectives de l’année dernière, soit « 4600 livraisons de moins au cours de la prochaine décennie ». Pour la seule année 2020, les heures de vol des moteurs chuteront de 45% à 94 millions, contre 170 millions en 2019, l’utilisation d’avions plus efficaces cette année signifiant en revanche que les émissions totales de CO2 « devraient diminuer de 50% ».

L’équipe de prévision Ascend by Cirium souligne qu’elle a changé ses méthodologies de prévision traditionnelles, et a adopté une approche basée sur des scénarios – en particulier pour la période 2020-2024. Le scénario de reprise dans les prévisions publiées le 4 janvier 2021 suppose que le trafic se stabilisera à « 60-70% de moins qu’en 2019 » au cours de la saison hivernale en cours, avant de « se redresser lentement jusqu’en 2024, lorsque les niveaux de trafic de 2019 seront à nouveau atteints ».

Pour atteindre la croissance prévue du trafic, la flotte mondiale d’avions passagers devra augmenter d’un peu plus de 20.000 unités. Cela équivaut à un taux de croissance annuel de 2,9%, portant la flotte à quelque 47.000 appareils d’ici la fin de 2039 (contre 52.000 prévus en 2019). La flotte de monocouloirs croîtra plus rapidement à 3,5% par an, contre 2,7% pour les birouloirs « en raison du trafic long-courrier qui prendra plus de temps à se rétablir ». La flotte d’avions régionaux « augmentera plus modestement, à un peu plus de 1% ».

Cirium prévoit qu’environ 82% de la flotte passagers actuelle seront retirés du service au cours de la période de 20 ans, et 74% pour les cargos « qui ont une durée de vie économique plus longue ». Dans l’ensemble, il y aura plus de 21.600 « départs à la retraite ». La flotte de cargo augmentera de près de 2% par an pour atteindre 4100 avions dans vingt ans.

Chris Seymour, responsable de l’analyse de marché chez Ascend by Cirium, a déclaré : « après 10 années consécutives de croissance de la demande, la crise de la Covid-19 en 2020 a entraîné une réduction spectaculaire du trafic mondial et des pertes record dans l’industrie. Les livraisons mondiales en 2020 devraient être inférieures de 45% à celles de 2019. Cependant, les chiffres vont progressivement se redresser et dépasser en 2025 le pic précédent (en 2018), en supposant que le trafic rebondisse comme prévu ».

Sans surprise, les marchés asiatiques seront le moteur de croissance de l’industrie mondiale de l’aviation au cours des deux prochaines décennies, détaille le rapport de Cirium. La Chine « semble être la plus grande destination unique » pour les livraisons d’avions commerciaux entre 2020 et 2039, avec une part de 22% – un point d’avance sur le reste de l’Asie combiné.

Airbus et Boeing devraient là encore sans surprise rester les deux plus grands constructeurs d’avions commerciaux, fournissant à eux deux environ 77% des avions et 86% en valeur des livraisons jusqu’en 2039. Sur le marché des passagers, les monocouloirs représenteront 67% des livraisons et 54% de la valeur de livraison, « le cœur de ce marché de 1500 milliards de dollars restant toujours la taille de 150 sièges », typique des Airbus A320neo et Boeing 737 Max 8. Le marché des gros-porteurs de 1100 milliards de dollars « se concentrera sur les 787 et les A350 », les 250-300 places prenant près des deux tiers de la valeur de livraison. Ce marché des gros-porteurs restera le dernier duopole dans le secteur commercial « jusqu’au début de la décennie », avec l’arrivée sur le marché des monocouloirs des Russes et des Chinois entre autres.

Cirium : 2800 milliards de dollars en achats d’avions d’ici 2039 (-8%) 1 Air Journal

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