Le président exécutif d’Airbus Guillaume Faury estime qu’après une reprise « très décevante » en Europe pour cause de pandémie de Covid-19, le moyen-courrier pourrait retrouver un niveau de trafic normal en 2023. Il se dit soulagé d’avoir mis fin au programme A380 avant la crise sanitaire, et insiste sur le fait que les efforts sur la durabilité du transport aérien ne doivent pas faiblir.

Durant une visioconférence organisée par Eurocontrol, le patron de l’avionneur a qualifié de « très décevante » la reprise du trafic aérien dans les aéroports européens, tout en remarquant que d’autres marchés tels que les Etats-Unis affichent de bien meilleurs redressements. Pour Guillaume Faury, le trafic des monocouloirs pourrait retrouver ses niveaux d’avant 2019 « en 2023 », bien avant celui des gros-porteurs pour lequel l’incertitude demeure (« 2024, 2025, on ne sait pas »). Airbus essaie de « mieux comprendre » dans quelle mesure ces prévisions se réaliseront, notamment en fonction des campagnes de vaccination et de la levée attendue des restrictions de voyage. Qui auront bien sûr un impact sur les commandes d’avions (seulement 11 commandes brutes sur les deux premiers mois de 2021, mais 92 annulations).

Une chose est cependant sûre selon le patron d’Airbus : une fois la reprise confirmée, le transport aérien au niveau mondial ne « sera pas vraiment différent » de celui d’avant la crise.

Airbus : reprise, moyen-courrier, A380 et durabilité 1 Air Journal

©Airbus

Guillaume Faury s’est d’autre félicité a posteriori d’avoir arrêté le programme A380 avant la pandémie, qui a « renforcé les tendances auparavant identifiées » même si pour ses passagers le voyage « est parfois plus l’avion que la destination ». Il estime toutefois que les A380 sont « d’excellents avions pour l’avenir, et continueront à voler. (…) Il s’agira maintenant de soutenir ces avions le plus longtemps possible, et je suis sûr que beaucoup de gens essaieront et voudront voler sur A380 pour ce qu’il est ».

Annoncée il y a deux ans, la fin de la production des superjumbos s’est conclue le 17 mars à Toulouse, avec le départ du MSN272 destiné à la compagnie aérienne Emirates Airlines vers Hambourg pour sa peinture et l’installation des cabines.

Un point sur lequel Guillaume Faury pense que la pandémie n’aura aucune conséquence à long terme sur les stratégies de réseau ou de flotte, c’est le besoin pour l’aviation de passer à un autre fonctionnement plus respectueux de l’environnement. Même s’il regrette que l’utilisation de carburant durable (SAF) reste minimale, à environ 1% au niveau global (alors que les Airbus peuvent en utiliser en mélange à 50%). « Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas seulement un bon avion, [mais] un cadre réglementaire », a déclaré le CEO ; « nous devons donc travailler avec les régulateurs pour définir de nouvelles règles pour ce type d’avions ». Ces SAF seront « très importants » pour aider l’industrie à respecter ses engagements sur les émissions de CO2.

Et en plus de cela, l’hydrogène (le premier Airbus est annoncé pour 2035) jouera selon lui un « grand rôle, et probablement un rôle de plus en plus important ». A condition qu’un cadre soit mis en place pour un approvisionnement rapide des aéroports. « Évidemment, nous sommes loin d’en être là, mais nous avons cinq ans pour y arriver », a-t-il déclaré, ajoutant que la « forte dynamique de l’hydrogène » constatée dans de nombreux secteurs est « très encourageante ».

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