Le groupe aérien Air France-KLM devrait annoncer aujourd’hui ou demain le détail de l’accord trouvé avec la Commission européenne sur la cession de créneaux d’aéroport à Paris, condition exigée pour permettre une recapitalisation du transporteur toujours affecté par la pandémie de Covid-19.

Le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire l’a confirmé le 4 avril 2021 dans l’émission Grand Jury LCI/RTL/Le Figaro : un accord a été trouvé avec Bruxelles sur le déblocage d’une nouvelle aide financière au groupe franco-néerlandais, la demande accueillie par un tollé dans l’hexagone faite à Air France de céder jusqu’à 24 paires de créneaux de décollages et d’atterrissage (slots) dans le seul aéroport de Paris-Orly ayant apparemment été adoucie. Une exigence équivalente à 8700 rotations par an – ou 7% des quelque 125.000 créneaux actuellement détenus par la compagnie nationale française à Orly. Le ministre n’a fourni aucun détail, se contentant de dire qu’elle devra toujours céder « un certain nombre de créneaux » à Orly : « nous avons un accord de principe avec la Commissaire européenne Margrethe Vestager sur un nouveau soutien financier à Air France », a-t-il expliqué, là encore sans mentionner de montant.

Si Bruno Le Maire évoque une « très bonne nouvelle pour Air France et pour l’ensemble du secteur aérien français » avec cet accord « juste et proportionné », il prévient toutefois que la compagnie de l’alliance SkyTeam devra faire « des efforts de compétitivité ». Et de rappeler qu’elle a déjà reçu 7 milliards d’euros d’aide publique, une aide « stratégique » pour le pays en raison des « dizaines de milliers d’emplois » concernés. Il faut donc qu’Air France « renoue avec des bénéfices », et que le CEO du groupe Ben Smith fasse « des propositions pour que l’argent des Français que nous allons mettre en soutien à Air France soit bien placé », a ajouté le ministre.

Rappelons que la compagnie-sœur KLM Royal Dutch Airlines fait face à des exigences similaires à Amsterdam-Schiphol, mais aucun accord n’a été mentionné hier depuis les Pays-Bas. Le groupe a convoqué un conseil d’administration ce lundi soir pour valider l’accord proposé, suivi mardi matin selon des sources syndicales citées par La Tribune par un CSE extraordinaire d’Air France sur « la situation économique de la compagnie ».

Profondément affecté par la pandémie de Covid-19 (perte nette de 7,1 milliards d’euros en 2020), le groupe Air France-KLM a déjà bénéficié d’aides publiques substantielles : plus de 10 milliards d’euros, dont 7 de prêts directs ou garantis par l’État français, actionnaire à 14,3%, et 3,4 par l’Etat néerlandais, actionnaire à 14%. Face à la persistance de la crise sanitaire, Air France veut renforcer sa structure de bilan avec le soutien de l’État français, tout comme KLM avec l’Etat néerlandais. La solution retenue consisterait à convertir la dette liée au prêt d’actionnaire de 3 milliards d’euros en obligations hybrides, qui sont considérées comme des capitaux propres et non comme de la dette.

Pour valider ce montage financier, la Commission européenne exigeait d’Air France qu’elle renonce à des créneaux à Orly dans le même ordre de grandeur que ce que le groupe Lufthansa avait cédé (mais dans deux aéroports, Francfort et Munich). D’après le gendarme européen de la concurrence, tout Etat voulant « apporter une aide de recapitalisation d’un montant supérieur à 250 millions d’euros à une entreprise très puissante sur les marchés sur lesquelles elle opère » doit proposer « des mesures supplémentaires pour préserver une concurrence efficace ».

Air France-KLM : accord avec Bruxelles sur les créneaux à Orly 1 Air Journal

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