La Cour d’appel de Paris se prononcera demain sur la demande de renvoi en correctionnelle pour la compagnie aérienne Air France comme pour le constructeur Airbus, requise par le parquet général dans l’enquête sur le crash du vol AF447 entre Rio de Janeiro et Paris qui avait fait 228 victimes il y a presque douze ans.

Deux mois après avoir entendu leurs arguments, la Cour d’appel se prononcera le 12 mai 2021 sur la demande du parquet général et des familles de victimes pour un nouveau procès de la compagnie nationale française et du constructeur de l’A330-200, disparu le 31 mai 2009 au milieu de l’Océan Atlantique. Un non-lieu général avait été obtenu au grand dam des familles de victimes et du syndicat SNPL (les pilotes étant tenus seuls responsables), suite à la mise en examen d’Air France et Airbus pour homicide involontaire deux ans après l’accident.

Le parquet général, allant plus loin que ses prédécesseurs selon qui seule Air France devait être encore poursuivie, reproche à cette dernière des « manquements fautifs », en particulier pour ne pas avoir pris en compte le « niveau de gravité des multiples incidents de perte d’indication de vitesse qui s’étaient succédés sur quinze autres vols entre mai 2008 et mai 2009 ». En ce qui concerne Airbus, le parquet général explique qu’il aurait « sous-estimé la dangerosité des incidents anémométriques consécutifs au givrage des sondes ».

« Nous ne réclamons pas vengeance mais justice pour la dignité des familles et des victimes », avait déclaré Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF447, à l’issue de l’audience devant la Cour d’appel de Paris. « Il faut un procès pour permettre un débat public qui mettra en lumière les comportements fautifs et les négligences dans la chaîne de responsabilité », avait-elle ajouté.

Tous les passagers et membres d’équipage du vol AF447 avaient péri dans l’accident, le plus meurtrier de l’histoire d’Air France. Les magistrats avaient lors de l’annonce du non-lieu considéré que « cet accident s’explique manifestement par une conjonction d’éléments qui ne s’était jamais produite, et qui a donc mis en évidence des dangers qui n’avaient pu être perçus avant ». Selon le rapport du BEA publié en juillet 2012, le givrage en vol de sondes de vitesse Pitot avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l’A330 et désorienté les pilotes jusqu’au décrochage de l’appareil.

Vol AF447 : décision jeudi sur le renvoi d’Air France et Airbus en correctionnelle 1 Air Journal

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