Les actionnaires du groupe aérien Air France-KLM ont soutenu lors de l’assemblée générale de mercredi les prochaines étapes de la restructuration, telles que présentées par la direction. Et ils ont écarté la polémique venue des Pays-Bas sur le « bonus » du CEO Benjamin Smith.

Tenue à huis-clos le 26 mai, l’AG du groupe franco-néerlandais durement affecté par la pandémie de Covid-19 n’a pas livré de surprise : toutes les résolutions sur le renforcement financier, rendant possible de nouvelles émissions d’actions « à hauteur d’un montant allant jusqu’à 300% du capital actuel » d’ici à la prochaine assemblée générale en 2022, ont été adoptées. La direction d’Air France-KLM, qui a déjà été recapitalisé à hauteur de 3 milliards d’euros en plus des aides européennes de l’année dernière, pourra donc renforcer encore – si nécessaire – les fonds propres du groupe, qui en 2020 a perdu 70% de ses revenus, porté sa dette à 11 milliards d’euros et affiché son pire résultat en onze ans : une perte nette de 7,1 milliards d’euros (le 1er trimestre 2021 n’a pas été mieux, avec une perte creusée et un revenu en recul de 57%).

Le directeur financier sortant Frédéric Gagey a rappelé que la crise sanitaire « est une crise de l’industrie, la situation n’est pas propre à Air France-KLM » dont la perte annuelle était « proche de celles de Lufthansa et d’IAG ». Et si la compagnie française perd encore 10 millions d’euros par jour, les résultats opérationnels « pourraient redevenir positifs au troisième trimestre », estime le CFO suite au « début de reprise un peu plus satisfaisant au début de l’été ». Tout en prévenant que des « mesures additionnelles » seront nécessaires pour replacer le groupe sur une « trajectoire financière saine ».

Parmi les résolutions adoptées hier par le groupe de l’alliance SkyTeam figuraient deux sur la rémunération de Ben Smith en 2020 et 2021, qui a recueilli 77% des voix. Des parlementaires néerlandais avaient dénoncé en avril un bonus de 2 millions d’euros, une polémique relancée ce mois-ci par le ministre néerlandais des Finances Wopke Hoekstra. L’Etat néerlandais (9,3% du capital), qui selon le ministre « ne considère pas justifiable qu’un bonus, sous quelque forme que ce soit, soit octroyé pendant une période où l’entreprise a besoin de milliards d’euros d’aides d’État pour survivre à la crise du coronavirus », a donc comme l’année dernière voté contre cette rémunération.

 « La réalité, c’est qu’en 2021, ma rémunération est variable à 80% et que je ne toucherai pas un euro au titre de cette rémunération variable », rappelait il y a deux semaines le CEO. Parmi les trois volets de ses revenus (salaire fixe, variable et rémunération différée), il avait annoncé en avril 2020 renoncer au bonus pour l’année en question, et s’était imposé une réduction de 25% de sa rémunération. « J’ai investi la moitié de mon salaire fixe en achetant des actions du groupe Air France-KLM en 2018 et en 2019 parce que je crois profondément en son avenir », avait rappelé Benjamin Smith ; « ma rémunération variable à long terme est soumise à de très nombreuses conditions, et ne sera de toute façon pas versée avant plusieurs années ».

Air France-KLM a de son côté rappelé hier qu’aucun dirigeant ne touchera de rémunération à long terme tant que 75% des aides reçues n’auront pas été remboursées.

Air France-KLM : une AG sans vague 1 Air Journal

©Air France-KLM