Le feu vert européen à la recapitalisation de la compagnie aérienne Air France porte la part de l’Etat à près de 30% du capital, avec l’accord du gouvernement néerlandais qui voit sa présence dans le groupe Air France-KLM diluée, et des autres actionnaires du groupe. Espérant que la saison estivale marquera le début de la reprise, la compagnie française a pris possession de son huitième Airbus A350.

Un accord sur une nouvelle aide publique de 4 milliards d’euros au maximum à la compagnie nationale française, contre la cession de 18 créneaux à l’aéroport de Paris-Orly, a été annoncé le 6 avril 2021 par la Commission européenne. Air France-KLM a détaillé dans la foulée sa propre vision de l’accord après le Conseil d’administration de la veille, la présidente Anne-Marie Couderc déclarant : « l’annonce d’aujourd’hui démontre à la fois l’engagement fort de l’État français et le soutien renouvelé de l’État néerlandais pour aider le groupe à surmonter cette pandémie et cette crise ». L’engagement de « notre partenaire de longue date China Eastern Airlines à participer à la prochaine augmentation de capital souligne également sa confiance renforcée dans les atouts et les perspectives du groupe Air France-KLM », a-t-elle ajouté. La France ne dépassera pas le seuil des 30% du capital afin de ne pas avoir à lancer d’OPA, CEA a précisé qu’elle restera en dessous du seuil des 10%, tandis que Delta Air Lines (8,8%) ne peut participer en raison des aides reçues aux USA.

Le CEO du groupe de l’alliance SkyTeam Benjamin Smith a de son côté souligné que « ces premières mesures de recapitalisation constituent une étape importante pour notre groupe dans cette période exceptionnellement difficile », apportant « une plus grande stabilité pour aller de l’avant lorsque la reprise commencera, à mesure que la vaccination à grande échelle progressera dans le monde et que les frontières se rouvriront ». S’assurer qu’Air France-KLM maintient une trajectoire financière durable est « primordial pour réaliser notre plan stratégique, en poursuivant l’exécution de nos plans de transformation au sein du groupe et de nos compagnies aériennes. Je tiens à remercier nos salariés pour leur engagement et leur responsabilité tout au long de cette crise. Nous continuerons à travailler ensemble pour gagner en efficacité afin de réduire les coûts unitaires et d’être plus forts lorsque le secteur rebondira, avec l’ambition d’atteindre le leadership européen » a ajouté le dirigeant. Qui a également précisé que la cession de créneaux à Orly « n’aura pas un impact majeur » sur la restructuration en cours.

Aux Pays-Bas, KLM Royal Dutch Airlines (exclue explicitement de l’aide accordée à sa sœur française) a aussi publié un communiqué expliquant qu’il s’agit « d’une étape très importante pour le groupe Air France-KLM et Air France. Après le soutien en 2020 de l’État français à Air France et de l’État néerlandais à KLM, cela renforce encore la base financière du Groupe. Cela est nécessaire étant donné l’énorme impact négatif » de la pandémie de Covid-19 sur l’aviation.

La compagnie néerlandaise rappelle avoir été soutenue en 2020 par l’Etat avec un prêt de 1,0 milliard d’euros et 2,4 milliards d’euros de garanties sur les facilités de crédit, mais qu’elle aura à terme « également besoin de capitaux. À cette fin, l’État néerlandais est en pourparlers avec Bruxelles, Air France-KLM, KLM et d’autres parties prenantes. Tant que ces discussions sont en cours, KLM ne commentera pas l’avancement de ces discussions ». L’Etat néerlandais (14% du capital) a annoncé qu’il avait approuvé l’ensemble des dispositions du plan de recapitalisation, et qu’il « continuait à discuter avec la Commission européenne sur des mesures potentielles de renforcement du capital de KLM ».

En France, le ministre délégué aux transports Jean-Baptiste Djebbari a déclaré sur RTL qu’Air France est désormais « à l’abri des faillites » menaçant d’autres compagnies aériennes, le groupe franco-néerlandais pouvant « envisager sereinement l’après-crise ». Mais il a aussi répété la position de Bruno Le Maire dimanche sur les efforts de compétitivité qui attendent Air France, tout en expliquant que de nouvelles suppressions de postes « ne sont pas dans le deal » après celles annoncées l’année dernière.

Air France : réactions à la recapitalisation et A350 1 Air Journal

©Air France-KLM

Après avoir affiché une perte nette de 7,1 milliards d’euros en 2020, Air France-KLM a annoncé hier s’attendre à ce que le résultat d’exploitation du premier trimestre 2021 soit de l’ordre de -1,3 milliard d’euros, « et que l’EBITDA soit de l’ordre de -750 millions d’euros, en dessous de l’EBITDA du quatrième trimestre 2020 ». En janvier et février, le résultat d’exploitation et l’EBITDA ont été « nettement supérieurs aux hypothèses budgétées » par le Groupe, et que les dépenses d’investissement ont également été inférieures de 10% au budget sur cette période, « ce qui reflète le contrôle efficace mis en place par la direction sur les investissements ». Au 28 février, Air France-KLM disposait d’une « solide liquidité » et de lignes de crédit de 8,8 milliards d’euros.

Au cours des prochains mois « et en particulier au début de l’été », le Groupe prévoit toujours une reprise significative de la demande, « en supposant que les effets positifs des campagnes de vaccination accélérées dans plusieurs pays pourraient déclencher des restrictions moins strictes sur les voyages de passagers à travers ces pays ». Air France pourra en tout cas compter sur son huitième Airbus A350-900, baptisé « Dijon » et livré mardi : le F-HTYH est comme les autres configuré pour accueillir 34 passagers en classe Affaires (1+2+1), 24 en Premium et 266 en Economie (324 sièges), avec connexion wifi à toutes les places (via Inmarsat Global Xpress). 

Air France a nommé les sept premiers des 38 A350-900 attendus Toulouse, Lyon, Saint-Denis de La Réunion, Nice, Bordeaux, Marseille et Reims (par ordre d’entrée dans sa flotte), le neuvième étant déjà baptisé Saint-Malo. Ces derniers jours, les appareils livrés depuis septembre 2019 se sont posés dans les aéroports de Bamako, Monrovia, Le Caire, Atlanta, Toronto, Sao Paulo, Delhi et Mumbai selon Flightradar24.

Air France : réactions à la recapitalisation et A350 2 Air Journal

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