La compagnie aérienne KLM Royal Dutch Airlines a vu l’Europe de nouveau valider l’aide publique apportée par son gouvernement, après son « annulation » en justice mi-mai. Un syndicat de pilotes d’Air France accuse d’autre part le CEO du groupe de la favoriser.

Après un premier feu vert européen en juin 2020 à l’aide de 3,4 milliards d’euros apportée par le gouvernement néerlandais à sa compagnie nationale, puis un « retoquage » du Tribunal de l’Union européenne en mai pour motivation insuffisante, la Commission a annoncé le 19 juillet 2021 avoir « réapprouvé » cette aide publique, consistant en « une garantie de l’État sur les prêts et en un prêt subordonné de l’État à KLM afin de fournir des liquidités urgentes à la société dans le contexte de l’épidémie de coronavirus ». Le communiqué de la Commission explique que les reproches du tribunal ont été « adressés » : ce dernier demandait en particulier une meilleure motivation au fait qu’une aide octroyée à une filiale d’une société holding (Air France-KLM) a été déclarée compatible avec le marché intérieur, alors qu’une autre filiale de la même société holding a déjà bénéficié d’une aide similaire (Air France, à hauteur de 7 milliards d’euros en mai 2020). 

Rappelons que la décision du tribunal n’avait pas entrainé l’annulation de l’aide : la Commission avait deux mois pour présenter de meilleurs arguments justifiant son feu vert. La décision de lundi « garantit que l’aide versée à KLM ne devra pas être remboursée », conclut le communiqué.

Soulagée sur le plan légal et financier, la compagnie néerlandaise de l’alliance SkyTeam fait face à une autre accusation : celle du syndicat minoritaire de pilotes d’Air France, le SPAF. Celui-ci accuse dans un communiqué envoyé à L’Echo Touristique le CEO du groupe Benjamin Smith d’avoir réorienté le trafic long-courrier vers la compagnie basée à l’aéroport d’Amsterdam, au détriment de sa sœur française. Une stratégie qui voit KLM relancer l’ensemble du réseau LC mis à mal durant la pandémie de Covid-19, contrairement à Air France selon le SPAF, et qui fait suite au transfert progressif du moyen-courrier de la compagnie nationale vers sa low cost Transavia : ce que le syndicat appelle « la découpe et la captation du réseau d’Air France en moyens propres ».

Cette duplicité serait particulièrement flagrante selon le syndicat minoritaire après la récente annonce d’une future commande de 160 monocouloirs pour KLM et Transavia. « Alors qu’il est indispensable pour préserver les intérêts de tous – employés, passagers, état, etc. – l’équilibrage de l’activité entre AF et KLM, prévu et encadré depuis le rapprochement des entreprises, n’est visiblement plus qu’un lointain souvenir pour nos dirigeants ». Et à ce rythme, Air France pourrait selon le syndicat n’être plus qu’un « simple véhicule marketing d’une marque réputée haut de gamme, avec une flotte réduite », avec pour conséquence la destruction d’emplois en France alors que l’argent public « aura alimenté une holding au bénéfice de KLM ».

Le SPAF reconnaît tout de même que Ben Smith avait affiché à son arrivée « une volonté (tant attendue) de développer Air France, ses avions et son réseau, et (de) redonner ses lettres de noblesse à la compagnie ambassadrice de la France à travers le monde ». Mais le syndicat n’entend pas « regarder cette attrition sans réagir »…

KLM : aide publique réapprouvée, jalousie de pilotes Air France 1 Air Journal

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