La compagnie aérienne Qatar Airways demande à Airbus 618 millions de dollars de dommages et intérêts pour l’immobilisation au sol de ses A350 affectés par un problème de peinture, plus 4 millions par jour d’immobilisation supplémentaire. L’avionneur « réfute en totalité » ces réclamations.

Selon les documents judiciaires de la Haute Cour de Londres consultés par l’agence Reuters, la dispute très publique et devenue juridique entre la compagnie nationale qatarie et l’avionneur européen est chiffrée : suite à l’immobilisation de 21 Airbus A350-900 et -1000, “ordonnée” par l’Autorité de l’aviation civile qatarie (QCAA) en aout dernier, Qatar Airways réclame au titre des dommages et intérêts 618 millions de dollars (546 millions d’euros), plus 4 millions de dollars par jour d’immobilisation supplémentaire. Et elle demande à la justice d’interdire toute livraison d’A350 jusqu’à ce que le problème soit réparé.

La compagnie aérienne a en particulier demandé 76 millions de dollars pour le seul A350-900 immatriculé A7-ALL, livré en cloué au sol à Toulouse depuis janvier 2020 quand le problème de peinture avait été identifié. L’appareil devrait recevoir une livrée World Cup pour célébrer la Coupe du monde de football qui se déroule dans l’émirat l’automne prochain. Les documents mentionnent également pour la première fois les commentaires de la QCAA, qui était restée silencieuse jusque là : le régulateur aurait dit à Qatar Airways que la détérioration des avions était « perturbante, voire alarmante », se déclarant « profondément préoccupé » par le fait que la sécurité des vols pourrait être compromise.

Interrogé par l’agence, un porte-parole d’Airbus a déclaré que l’avionneur « réfute en totalité » les allégations de Qatar Airways, répétant qu’il ne s’agit que d’un problème cosmétique ne justifiant ni l’immobilisation ni le refus de livraisons. L’avionneur avait lui-même décidé d’avoir recours à un arbitrage début décembre, dénonçant « la méconnaissance actuelle de la dégradation de surface non structurelle de sa flotte d’avions A350 par l’un de ses clients ». 

Airbus souligne en effet que le régulateur européen EASA n’a pas jugé la dégradation comme une menace pour la sécurité des vols, et a accusé le plaignant d’avoir refusé les correctifs à court terme acceptés par d’autres clients. Un problème de peinture avait en effet été noté par Finnair dès 2016, suivie depuis par Cathay Pacific, Etihad Airways, Lufthansa et Air France (dans le cadre de la maintenance des avions d’Air Caraïbes). La compagnie allemande aurait en particulier renvoyé trois A350 pour être repeints, gratuitement dans le cadre de la garantie, mais aucune n’a cloué au sol les appareils affectés.

La dernière fois qu’Airbus a publié le prix catalogue de ses avions en 2018, un A350-900 était affiché à 317,4 millions de dollars. Rappelons que le carnet de commandes de Qatar Airways compte 23 A350-1000 supplémentaires, ainsi que 50 A321neo (dont dix A321LR) livrables à partir de cette année et jusque là pas impliqués dans la dispute.

Peinture des A350 : Qatar Airways veut 546 millions d’euros 1 Air Journal

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