La compagnie aérienne Tunisair devrait partir en Chine en 2024 ou 2025 puis vers les Etats-Unis l’année suivante selon son PDG, qui a dévoilé un plan de restructuration devant globalement réduire son réseau, sa flotte et ses effectifs. Les syndicats menacent déjà de se mettre en grève.

Lors d’une conférence de presse le 29 mars 2022 à l’aéroport de Paris-Orly, où il a inauguré une nouvelle agence, le PDG de la compagnie nationale tunisienne Khaled Chelly a détaillé le « repli stratégique » qu’il présentera dans un mois aux autorités. Côté réseau d’abord, la compagnie basée à l’aéroport de Tunis-Carthage a selon son dirigeant « relancé toutes ses destinations », « revu la rentabilité de chaque ligne depuis 2011 » et ne gardera « que celles qui couvrent leurs frais d’exploitation ». Ce qui signifierait selon Jeune Afrique la fin des vols vers Beyrouth, Prague ou Ouagadougou. Des fréquences supplémentaires sont envisagées vers la France, d’autres villes comme Dakar, Nouakchott ou Le Caire devant en revanche voir leur programme diminuer. Et sur le long-courrier, « nous irons en Chine en 2024 ou 2025 et aux États-Unis en 2026 », promet le PDG, tandis que Montréal devrait bénéficier cet été d’une troisième rotation hebdomadaire.

Au premier trimestre 2022, Tunisair a enregistré une hausse de 175% du nombre de passagers, tout en restant dans le cas de la France à 60% des niveaux de trafic d’avant la pandémie de Covid-19 (70% prévus cet été). Et selon Khaled Chelly, le chiffre d’affaires a progressé « de 200% par rapport à l’an dernier » ; les réservations estivales « s’annoncent tellement bonnes que nous envisageons la location d’un appareil supplémentaire pour trois à quatre mois », a-t-il déclaré.

Côté flotte justement, Tunisair vise un total de 15 avions contre 21 avant la crise sanitaire et 18 actuellement, recentrée autour des Airbus A330-200 (deux en service, deux attendus) et des A320 (8 en service plus le deuxième des quatre A320neo commandés a été livré en février). Les quatre A319 et sept Boeing 737-600 vont donc être progressivement retirés du service. 

Conséquence  des ces diminutions de réseau et de flotte : entre 600 et 1000 postes vont être supprimés sur les 3200 de la compagnie aérienne (6950 pour le groupe Tunisie), a annoncé le PDG. Et ce pour approcher le « standard international de 120 employés par avion », ce qui pour 15 avions représenterait 1800 personnes. Parmi les premières professions concernées, « celles qui disparaîtront d’elles-mêmes avec la digitalisation des process », a précisé Khaled Chelly.

Mais le dirigeant a tout de même gardé un ton positif : ce « repli stratégique » ne durera que le temps d’assainir les finances de Tunisair, y compris via la cession d’actifs « non indispensables » dont l’immobilier. La flotte pourrait ainsi repasser à 17 avions en 2023 et 19 en 2027 chez celle qui « restera une compagnie publique ».

Une certitude que ne semble pas partager le syndicat UGTT : il a prévenu hier qu’une grève générale est possible face à la volonté de réforme du gouvernement, qui implique des coupes dans les dépenses et une négociation avec le FMI. « Nous savons qu’ils veulent vendre des compagnies telles que Tunisair », a prévenu son dirigeant Noureddine Taboubi ; « nous défendons les pauvres et les marginalisés, et nous ne trahirons pas nos principes, quel qu’en soit le prix ». Nommée début janvier 2021, la précédente dirigeante de Tunisair Olfa Hamdi avait été limogée en moins de deux mois – sous la pression de l’UGTT.

Tunisair : Chine, USA, restructuration et menace de grève 1 Air Journal

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