La nouvelle « taxe d’embarquement belge » entrée en vigueur vendredi ne passe toujours pas chez les compagnies aériennes du pays, qui dénoncent une confirmation trop tardive et un timing désastreux alors que le secteur se relève à peine de la pandémie de Covid-19 et fait face aux conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Annoncée l’automne dernier mais confirmée seulement le 24 mars 2022 par le gouvernement belge, cette « taxe d’embarquement » est d’un montant de 10 euros pour tous les vols dont la destination est à moins de 500 km à vol d’oiseau de l’aéroport belge le plus fréquenté du pays (Bruxelles-Zaventem) ; de 2 euros pour les vols de plus de 500 km vers l’Espace économique européen, au Royaume-Uni ou en Suisse ; et de 4 euros pour les destinations à plus de 500 km et hors de ces pays européens (le long-courrier donc). En pratique, le taux maximal de 10 euros d’applique aux liaisons vers les aéroports de Paris, Strasbourg, Francfort, Stuttgart, Londres, Birmingham, Amsterdam ou Zurich entre autres

Les compagnies aériennes Brussels Airlines, TUI Fly Belgium et Air Belgium, ainsi que l’Association belge du transport aérien (BATA), ont exprimé de « sérieuses inquiétudes » quant à la mise en œuvre de la taxe, basée sur la date du vol et non sur la date de réservation. Certaines auraient décidé de ne pas la répercuter sur les passagers, du moins pas immédiatement : la porte-parole de Zaventem Nathalie Pierard expliquait vendredi sur la RTBF que les voyageurs « qui partent aujourd’hui, demain et les prochains jours ont réservé déjà depuis quelque temps. Les compagnies aériennes ne peuvent évidemment pas aller maintenant chercher cette différence de montant, cette taxe, auprès des passagers qui ont déjà réservé, qui ont déjà payé ».

Mais des clients de la low cost Ryanair disent avoir reçu un courriel réclamant le paiement de la taxe (au montant en fonction de leur destination donc) : la compagnie explique que « même si un passager a réservé son vol avant le 25 mars, nous devons payer cette taxe au gouvernement belge »…

Alors que dès le mois de février le ministre wallon en charge des Aéroports Adrien Dolimont estimait à plus de 5 millions d’euros par an l’impact de la mesure dans le seul aéroport de Charleroi, le CEO de Brussels Airlines Peter Gerber a évoqué un développement « décevant pour diverses raisons » : interrogé par Routesonline, il dit « comprendre que de nombreux pays d’Europe ont des taxes plus élevées, mais cela est introduit pendant ce qui reste la pire crise que l’industrie aéronautique ait jamais connue », et « pas de manière professionnelle ». L’IATA a également critiqué le calendrier de la taxe d’embarquement belge, affirmant que l’introduction « dans un délai aussi court est un coup dur pour les compagnies aériennes qui se remettent lentement de la pandémie ».

Rappelons qu’aux Pays-Bas voisins, le gouvernement a annoncé vouloir tripler la taxe mise en place l’année dernière, qui passerait en 2023 de 7,45 à environ 24 euros par billet d’avion. Cette nouvelle taxe, qui ne s’applique que sur les vols au départ, devrait rapporter alors environ 600 millions d’euros par an à l’Etat. 

Taxe d’embarquement en Belgique : ça grince dans l’aérien 1 Air Journal

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