Le régulateur de l’aviation civile russe Rosaviatsia prévoit des « représailles » après la décision de l’Union européenne de placer 21 compagnies aériennes russes sur la « liste noire » des transporteurs interdits d’exploitation dans le ciel du Vieux continent.

L’annonce du 11 avril 2021 par la Commission européenne, ajoutant les Aeroflot et ses filiales Rossiya, Pobeda, Aurora, S7 Airlines ou autres UTair sur la liste de sécurité aérienne de l’UE, regroupant les compagnies aériennes « faisant l’objet d’une interdiction d’exploitation ou de restrictions d’exploitation au sein de l’Union européenne, car elles ne respectent pas les normes de sécurité internationales », a provoqué une réaction sans surprise de Moscou. L’Agence fédérale du transport aérien de Russie, Rosaviatsia, explique dans son communiqué repris par l’agence Interfax que cette décision « témoigne de la politique continue de discrimination et de violation des dispositions du droit international de l’aviation, qui entraînera inévitablement des mesures de représailles de la part des autorités aéronautiques de la Fédération de Russie à l’encontre des compagnies aériennes des États membres de l’UE ».

Le communiqué du régulateur russe précise que l’interdiction faite à 21 compagnies aériennes russes d’opérer au sein de l’UE « viole la Convention de Chicago ainsi que les accords bilatéraux », et révèle le « désir supplémentaire de l’Europe de renforcer le blocus aérien de la Russie ». Et il souligne surtout que la mesure « n’a aucun motif lié à l’état technique de la flotte d’avions des transporteurs aériens russes, au maintien de la navigabilité de ces avions, à l’exécution des transactions de leasing ». Les sociétés figurant sur la liste noire « disposent de tous les documents de bord nécessaires approuvés par l’autorité de l’aviation civile russe. Tous les aéronefs satisfont aux exigences de navigabilité et subissent une maintenance technique régulière dans les délais fixés par le programme de maintenance technique ».

La commissaire européenne aux transports Adina Vălean justifiait lundi la décision de placer les compagnies russes sur « liste noire » par le fait que la Russie a autorisé les compagnies aériennes du pays à exploiter « des centaines d’aéronefs appartenant à des étrangers sans certificat de navigabilité valide », « sciemment en violation des normes de sécurité internationales applicables », ce qui représente « une menace immédiate pour la sécurité ». Et elle avait ajouté : « Nous vivons dans le contexte d’une agression militaire non provoquée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine. Cependant, je tiens à souligner il est clair que cette décision n’est pas une autre sanction contre la Russie ; elle a été prise uniquement sur la base de raisons techniques et de sécurité. Nous ne mélangeons pas la sécurité avec la politique ».

Rappelons que l’EASA a de son côté déjà « décertifié » les Sukhoi SSJ100 Superjet, dans le cadre des sanctions européennes visant l’ensemble du secteur aérien russe. Et que la Russie a fermé son espace aérien aux pays en particulier européens ayant appliqué une mesure similaire, toutes les compagnies aériennes quelle que soit leur origine souffrant des conséquences de ce jeu sans fin des représailles.

Liste noire : des représailles russes contre les compagnies européennes ? 1 Air Journal

Moscou-Sheremetyevo ©Alex Beltyukov