Airbus utilise désormais un nouveau type de feuille de cuivre dans le fuselage de ses A350, plus léger et plus performant contre les problèmes de surface au cœur de sa très publique dispute avec la compagnie aérienne Qatar Airways.

L’avionneur européen a confirmé selon l’agence Reuters l’utilisation depuis fin 2022, sur le fuselage arrière des A350-900 et A350-1000, d’une feuille de cuivre perforée (PCF) à la place d’une feuille de cuivre étendue (ECF) entre la peinture et le fuselage de carbone, la sous-couche étant essentielle pour garantir l’intégrité du fuselage en cas de coup de foudre. Airbus a reconnu que le nouveau matériau est plus léger, mais aidera également à résoudre le problème de détérioration constaté sur les appareils de Qatar Airways et d’autres opérateurs des A350. Mais il continue d’affirmer que le problème dénoncé depuis deux ans par la compagnie basée à l’aéroport de Doha n’a pas d’impact sur la sécurité des vols.

Le juge David Waksman en charge du dossier à Londres a expliqué que ce changement de conception est « important », Qatar Airways demandant « des données brutes de modélisation  de l’A350 pour simuler une frappe de foudre » afin de prouver que les dégradations pourraient provoquer un risque de sécurité. Une demande rejetée par Airbus, qui a expliqué au tribunal les « inquiétudes » des services de sécurité français concernant le partage de données sur la conception de l’A350, utilisé par les gouvernements européens et notamment en Allemagne.

Le procès désormais séparé en deux débutera en juin 2023, se concentrant initialement sur la responsabilité de la détérioration des surfaces ; une deuxième partie , plus tard, portera sur les demandes de Qatar Airways, d’environ 2 milliards de dollars de dommages et intérêts actuellement (une somme qui augmentera encore d’ici là).

Rappelons que Qatar Airways avait déjà pris livraison de 19 A350-1000 et des 34 A350-900 commandés quand l’affaire a éclaté début 2021. Sur l’ensemble de ces appareils dont elle était compagnie de lancement, 23 avaient été progressivement cloués au sol sur ordre du régulateur qatari, citant un risque pour la sécurité des vols suite à la dégradation des peintures et l’érosion d’une couche de protection – vidéos à l’appui. Un argument réfuté par Airbus, selon qui il ne s’agit que d’un problème « cosmétique », tandis que le chef de l’EASA a assuré qu’il n’y a pas de risque pour la sécurité.

Après plusieurs mois de dispute très publique et de refus de livraisons, Airbus avait fini par annuler la commande de 50 A321neo (dont 10 en version LR), puis en aout dernier les 19 commandes d’A350-1000 restantes de la compagnie de l’alliance Oneworld (qui a depuis commandé des Boeing 737 MAX). D’autres compagnies aériennes ont reconnu avoir eu des problèmes similaires avec les A350, mais aucune ne les a cloués au sol, les faisant réparer aux frais de l’avionneur. Selon Planespotters, 30 A350 de Qatar Airways sont actuellement inutilisés, sans que l’on sache si tous ces appareils ont été victimes des « problèmes de peinture ».

« Peinture » des A350 : Airbus adopte de nouveaux composants 1 Air Journal

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