Le tribunal correctionnel a sans surprise relaxé lundi la compagnie aérienne Air France et le constructeur Airbus des accusations d’homicide involontaire, dans le procès sur le crash du vol AF447 entre Rio de Janeiro et Paris qui a fait 228 victimes le 1er juin 2009. Mais ils sont responsables sur le plan civil. Certaines associations représentant les familles de victimes se disent « écœurées » par un jugement non impartial.

En octobre dernier, Air France et Airbus avaient plaidé non coupable devant l’accusation d’homicides involontaires : ils étaient accusés d’avoir sous-estimé la gravité des défaillances des sondes Pitot, et de ne pas avoir suffisamment formé les pilotes à ces risques. Le jugement du 17 avril 2023 a suivi les réquisitions du parquet et relaxé les deux sociétés, la juge Sylvie Daunis estimant que si des fautes ont bien été commises, « aucun lien de causalité certain » avec l’accident n’a pu être démontré. En tant que personnes morales, les deux sociétés n’encouraient qu’une amende de 225.000 euros.

« Nous sommes écœurés », a déclaré à la sortie du tribunal Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF447, « nous avons attendu un procès, nous avons obtenu un procès et nous attendions un jugement impartial. Ça n’a pas été le cas ». « Le perdant d’abord et avant tout, c’est la justice française », a-t-elle ajouté. Selon l’avocat des parties civiles Me Alain Jakubowicz, « on nous dit : Air France et Airbus sont “responsables mais pas coupables”. Et c’est vrai que nous, on attendait le mot coupables ».

Parmi les 216 passagers et 12 membres d’équipage à bord de l’A330-200 (F-GZCP) disparu dans l’océan Atlantique se trouvaient des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens. Air France et Airbus ont exprimé « la plus profonde compassion » aux proches des victimes, soulignant que la sécurité reste « au cœur de leurs préoccupations » tout en expliquant que le jugement de lundi était « cohérent » avec le non-lieu rendu lors d’un précédent procès.

La compagnie aérienne et Airbus comparaitront à nouveau en septembre prochain sur le sujet des dommages et intérêts à verser aux victimes (en plus des indemnités déjà accordées). Le tribunal a en effet souligné que leurs « fautes ont entrainé une perte de chance » – une augmentation de la probabilité d’un accident, en ne changeant pas à temps les sondes Pitot mises en cause et en n’informant pas suffisamment les pilotes du risque.

Crash du vol AF447 : Air France et Airbus relaxés mais responsables 1 Air Journal

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